Maroc et Chine : Solidaires contre les droits de l’Homme

Depuis l’annonce de l’attribution du Prix Nobel de la Paix à l’opposant chinois Liu Xiaobo, les autorités chinoises sont en furie. L’ambassade chinoise à Oslo a envoyé un courrier menaçant de “conséquences” les représentations diplomatiques étrangères qui assisteraient à la cérémonie de remise du Nobel.

Chaque année, l’Institut Nobel invite tous les ambassadeurs en poste dans la capital norvégienne à la somptueuse cérémonie. Et surprise, 6 pays ont décliné l’invitation : la Chine (normal), la Russie (un peu moins normal), le Kazakhstan (solidarité entre dictateurs oblige), Cuba (faut pas rêver non plus), l’Iraq (mouais), et le Maroc.

Notre pays a, semble-t-il, cédé aux pressions chinoises, et renoncé à assister à la cérémonie de remise des Nobel. Mais en échange de quoi? Quelle type de représailles peut-t-on attendre des chinois? Ces derniers ne sont pas aussi présents au Maroc que dans d’autres pays d’Afrique (où on commence à parler de Chine-Afrique). Les exportations marocaines vers la Chine sont plutôt faibles. Donc aucun risque de boycott ou d’embargo. La seule explication qui me parait logique, serait la position chinoise dans l’affaire du Sahara. Le Maroc s’est assuré d’une position plutôt neutre des chinois dans le conflit, en échange de la non reconnaissance des marocains de Taïwan (tout comme le Maroc ne reconnait pas le Kosovo, en échange du soutien de la Serbie).

Mais la raison est peut-être ailleurs. Et si les chinois avaient menacé d’embargo sur les exportations de thé vert? Le Maroc en est le premier client dans le Monde, et une rupture d’approvisionnement, suffirait à mettre à feu et à sang tout le pays. Pourriez vous imaginer un seul instant une théière marocaine sans thé vert? CQFD. 😀

Offres GSM de Inwi : Peut mieux faire!

Le suspens est enfin terminé, et Inwi a finalement dévoilé ses offres après avoir obtenu la licence GSM en Février 2009.

Premier changement, la marque. Wana devient désormais Inwi. Ce changement de dénomination est assez inhabituel pour une marque lancée il y a à peine 3 ans. Mais il semblerait que le nouveau management souhaitait une rupture totale avec l’image négative qu’avait Wana sur certains services. Le départ de Karim Zaz, ex-PDG, resté à la tête de Maroc Connect, puis de Wana, pendant une bonne décennie s’est fait la veille du lancement de l’offre commerciale d’Inwi. Tout un symbole.

Qu’en est-t-il des offres proposées par Inwi? Première bonne nouvelle, la facturation se fera à la seconde, dès la première seconde, pour les offres pré-payées (Tic-Tac). Ce qui est en complète rupture avec ce que proposait les 2 autres opérateurs, qui facturaient entièrement la 1ère minute, puis par paliers de 20 ou 30 secondes. Mais le prix reste néanmoins élevé : 4,2 Dh/minute (ou 7 centimes/seconde), soit un prix comparable à celui pratiqué par Méditel ou Maroc Telecom. Petit comparatif des prix des communications en pré-payé :

L’instauration de la tarification à la seconde, est une vieille revendication des consommateurs, qui n’ont trouvé que le “bip” pour contourner la cherté des prix de la communication. Selon une récente étude, 74% des usagers de la téléphonie mobile utilisent le “bip” pour faire passer un message, ou pour demander à se faire rappeler. Autant dire que ce sont des ressources réseau consommées, mais qui ne rapportent rien aux opérateurs! Inwi a donc bien compris, que la majorité des communications téléphoniques ne durent pas plus d’une minute, et que le consommateur ne veut pas payer ce qu’il n’a pas consommé.

Concernant les offres post-payées (abonnements et forfaits), Inwi ne va pas appliquer une tarification à la seconde! La première minute sera indivisible, et la facturation se fera ensuite par paliers de 20 secondes. Un forfait de base (2h) avec une option de plafonnement, coutera 240 Dh chez Inwi. Soit un prix à la minute exactement pareil à celui de Méditel (forfait 1h30) ou Maroc Telecom (1h30). Pour les 3 opérateurs, le prix de la minute revient à 2 Dh pour ces forfaits de base. Les 3 opérateurs proposent également la gratuité des appels vers leur propre réseau, stratégie commerciale qui pousse les clients à épuiser leur forfait, pour passer à des paliers de tarification hors forfait nettement plus chers. A mon avis, le segment du post-payé est celui où il y a le plus de clients à conquérir. Le pourcentage de clients en post-payé n’est que de 10%, et d’importantes parts de marché peuvent être grignotées si les prix sont suffisamment attractifs.

Par ailleurs, Inwi semble cibler des niches plutôt délaissées par les autres opérateurs. L’opérateur cible les jeunes cadres actifs, et lance une offre de Blackberry en pré-payé, à 90 DH/semaine ou 200 DH/mois. L’opérateur cible également les jeunes utilisateurs de MSN (ou Windows Live Messenger), et leur propose des pass allant de 5 DH/heure à 30 DH/semaine.

Toutefois, dans un marché où le taux d’équipement est de 80%, il est essentiel pour un nouvel opérateur de proposer l’option de portabilité du numéro. Elle permet à un usager de passer à un nouvel opérateur, sans changer de numéro. L’option est possible depuis quelques mois chez les autres opérateurs, mais elle a la réputation d’être assez fastidieuse. Inwi a tout intérêt à la faciliter au maximum pour ses nouveaux clients. Mais le fait de proposer des cartes SIM à 20 Dh, poussera les clients à s’équiper d’une puce Inwi, ne serait ce que pour pouvoir bénéficier d’offres promotionnelles, sans pour autant en faire son numéro principal. Inwi a d’ailleurs annoncé  une offre de lancement permettant d’offrir 10 DH par jour, pendant 100 jours (soit 1000 DH de communications au total), à condition que le client paye au moins une minute de communication par jour.

Mis à part la tarification à la seconde, les offres d’Inwi ne s’inscrivent pas vraiment dans un esprit de rupture. Les prix pratiqués restent alignés sur le marché, même si le dernier Conseil d’Administration de l’ANRT préconisait une baisse des tarifs de la téléphonie mobile au Maroc à court et moyen terme. Comment faire? Inwi ne semble pas vouloir entrer dans une guerre des prix pour le moment. Il faudra bien rentabiliser les investissements consentis!