Fin du principe de gratuité de l’enseignement supérieur : A-t-on voté PJD pour cela?

Le ministre de l’Enseignement Supérieur, M. Lahcen Daoudi (du PJD, faut-il encore le préciser), vient de faire des déclarations pour le moins assommantes. M. Daoudi déclare sans broncher: “Aujourd’hui, nous avons un autre problème grave, celui du tout-gratuit des études supérieures dans notre pays. Nous ne pouvons plus continuer dans cette logique.” Puis rajoute : “On veut bien prendre en charge les pauvres, les étudiants issus des couches moyennes inférieures, mais il est temps que les ménages qui ont les moyens puissent apporter une contribution à l’effort de la collectivité.”. AH! Ce n’était pas prévu au programme électoral du PJD ça!

A lire ces déclarations, on se demande si M. Daoudi est conscient qu’il vit dans un pays où 40% de ses habitants sont encore analphabètes, et où le taux brut de scolarisation au niveau de l’enseignement supérieur ne dépasse pas les 13%. M. Daoudi est-il conscient de la gravité de ses propos?

M. Daoudi affiche clairement sa volonté de ne pas imposer de frais de scolarité aux étudiants les plus pauvres. Soit. Mais imposer aux couches moyennes et “riches” de payer pour des études supérieurs est le meilleur moyen de tuer cet ascenseur social, qui malgré tout, continue tant bien que mal à marcher. Daoudi déclare également qu’on lui a dit que “60% des étudiants de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs sont capables de contribuer financièrement au financement de leurs études”. Étant lauréat de cette école, je peux affirmer que la grande majorité des étudiants (dans les 2 tiers), sont des fils de fonctionnaires ou d’enseignants, que le tiers restant vient de milieux modestes de contrées éloignées du Maroc, et que le nombre d’étudiants “riches” se compte sur les doigts d’une main. Et puis n’a-t-on pas appris à M. Daoudi que la grande majorité des fils de riches ne mettaient pas les pieds dans les universités et grandes écoles marocaines, et préféraient faire leurs études à l’étranger? Ne lui-t-on pas dit que la classe moyenne (définie par le HCP comme tout foyer touchant entre 2800 et 6736 DH/mois) parvient à peine à survivre et à rembourser ses traites innombrables? Comment pourra elle assurer une éducation supérieure à ses enfants, si elle devra en plus en supporter le coûts.

Soyons lucides, le gouvernement Benkirane semble très tenté par les solutions de facilité. Face à l’assèchement des caisses de l’Etat, et au déficit budgétaire galopant, il ne semble trouver d’autres solutions que d’aller chercher l’argent là où il est facile à récupérer, chez les moins résistants et les plus dociles: cette fameuse classe moyenne.

Le PJD s’est-il aventuré à instaurer un impôt sur la fortune? Non. A-t-il pu réformer le système des agréments et faire payer des redevances aux bénéficiaires? Non. A imposer les grands propriétaires terriens? Non. A supprimer les innombrables niches fiscales pour les promoteurs immobiliers? Non. A arrêter le projet du TGV, doté d’un budget de 25 milliards de DH? Non. Il est tellement plus facile de taxer les plus pauvres…

Le PJD semble oublier qu’un impôt équitable est le meilleur moyen de financer des services publics de qualité. Et dans un système fiscal équitable, les riches paient naturellement plus que la classe moyenne, qui elle même paye plus que les plus pauvres.

M. Daoudi semble également oublier que ces lauréats issus des universités et grandes écoles marocaines, paieront à leur tour des impôts, le jour où ils seront productifs dans la société, et s’acquitteront tôt ou tard de ces milliers de DH que l’Etat aura dépensé pour leurs formations.

Mais tout cela, ne semble pas faire partie de la logique PJD. Alors que les pays émergents font de l’éducation pour tous un des leviers de leur développement et de leur croissance, le PJD est sur le point de commettre un crime envers toute une génération dans un domaine où les erreurs se paient très chers, tout au long de décennies

NO PASARAN!