Comparatif des forfaits et abonnements GSM de Maroc Telecom, Méditel et Inwi

Les 3 opérateurs marocains de téléphonie mobile ont récemment remodelé leurs offres de forfaits et abonnements post-payés, ce qui semble être une conséquence directe de la baisse des tarifs d’interconnexion décidée par l’ANRT.

Incluant plus de gratuités qu’auparavant, ces offres visent à convertir un maximum d’abonnés prépayé vers du postpayé. L’objectif final est de maximiser l’ARPU (Average revenue per user, ou revenu moyen par utilisateur) des opérateurs, qui est aujourd’hui de l’ordre de 91 Dh pour Maroc Telecom et 43 Dh pour Méditel (celui d’Inwi n’est pas encore connu).

Ci-dessous un tableau comparatif de 3 offres représentatives de l’entrée de gamme, moyen de gamme, et du haut de gamme des forfaits post-payés de Maroc Telecom, Méditel et Inwi.

Une première analyse du tableau fait ressortir une grande similitude entres les offres. Les trois opérateurs ont plus ou moins aligné leurs offres, et il n’existe plus de grandes disparités sur le marché.

Mais il semble tout de même que Méditel sort gagnant de ce comparatif. Malgré des prix un petit peu plus élevés que ses deux concurrents (pas plus de 20 Dh à chaque fois), il propose pour tous ses forfaits une durée équivalente après épuisement, utilisable  les soirs, weekend et jours feriés vers tous les opérateurs nationaux et vers les fixes de France, d’Espagne, d’Italie, de Belgique, de Royaume Uni, d’Allemagne, des Etats Unis et du Canada.

L’offre de Maroc Telecom est assez proche, mais impose quelques limitations. Les minutes offertes après épuisement du forfait ne sont pas aussi généreuses que celles de Méditel, la durée de communication vers le numéro illimité est en fait limitée à 30h par mois, et le débit est baissé à 128 Kb/s une fois le seuil de 4 Go de téléchargements est dépassé.

Quant à Inwi, l’offre peut sembler à priori très intéressante, si ce n’est le nombre assez faible des abonnés Inwi. L’opérateur semble beaucoup miser sur l’effet réseau en offrant des communications illimitées vers les numéros Inwi, mais sera pour le moment limité par sa faible pénétration du marché (10% selon les derniers chiffres de l’ANRT – Septembre 2010). L’opérateur souffre également de sa couverture réseau plus faible que celle de ses concurrents, mais qui sera amenée à s’améliorer durant les prochains mois. Cependant, on peut facilement imaginer des familles entières s’équiper en cartes SIM Inwi, et bénéficier de communications gratuites entre tous ses membres.

L’autre bonne nouvelle de ces offres, c’est que tous les opérateurs offrent une connexion Internet à leurs abonnés post-payés. Ce qui ne pourra que favoriser la pénétration d’Internet mobile sur le marché, et développer de nouveaux usages du téléphone mobile. En attendant l’apparition d’applications mobiles spécifiques au marché marocain…

Le défi des opérateurs d’augmenter leur ARPU tout en offrant plus de temps de communication à leurs abonnés semble bien parti. Espérons qu’ils continueront à innover en incluant de nouveaux services dans leurs offres à des prix encore plus compétitifs!

Plus de détails sur les offres post-payés :

Liberté de la presse au Maroc : Quand on atteint le fond, on creuse encore

Le classement mondial 2010 de la liberté de la presse de “Reporters sans frontières” a été publié aujourd’hui, et le verdict est sans appel : le Maroc est classé 135ème/178 pays, perdant 38 places en 4 ans (97ème en 2006), et 8 places par rapport à l’année dernière. Et comme d’habitude, on se retrouve derrière des pays comme le Burkina Faso (49e), la Guinée-Bissau (67e, récemment scène de plusieurs coups d’états), le Zimbabwe de Mugabe (123e), l’Algérie (133e) ou le Venezuela de Chavez  (133e).

Ce classement ne fait que confirmer la situation que vit la presse depuis deux ans : fermeture du Journal Hebdomadaire et de Nichane, poursuites judiciaires contre les directeurs d’Al Jarida al Oula, d’Al Michaal et d’Akhbar al Yaoum, interdiction de Telquel… Les harcèlements que subit la presse écrite ne se comptent plus. Les méthodes diffèrent mais ont toutes le même but : boycott publicitaire des plus gros annonceurs, amendes astronomiques, saisies, prison pour les directeurs de publication. Tout pour rappeler les heures les plus sombres de la liberté de la presse pendant les années de plomb.

Mais quand on parle de liberté de la presse au Maroc, on oublie souvent la presse audio-visuelle. Or, le Maroc est très en retard par rapport aux pays africains par exemple. Certes, le nombre de radios a sensiblement augmenté ces trois dernières années, mais le contenu n’a pas vraiment suivi. La plupart se contentent de diffuser de la musique à longueur de journée, avec quelques émissions de débat confinés à des sujets de société : mariage, divorce, éducation des enfants, santé, et j’en passe. Les bulletins d’informations nationales reprennent pour leur majorité les communiqués de la MAP, et s’aventurent rarement plus loin. Pour les débats politiques, vous pouvez toujours rêver. Ou regarder Hiwar de Mustapha Alaoui. Ah, les télés? Aucune télévision privée n’est autorisée. Passez votre chemin. Certains opérateurs avaient essayé de postuler pour des licences de télévision, mais aucune n’a été délivrée. Motif officiel : le marché publicitaire marocain n’est pas assez développé pour permettre à d’autres chaines de télévisions de s’installer au Maroc. Soit. Mais quelqu’un de la HACA pourrait nous expliquer comment font les 14 chaines TV privées du Kenya pour survivre?

Il ne faut pas chercher plus loin. Le Makhzen sait très bien que la télévision est de loin le média qui a le plus d’influence sur la population. Et il fera tout pour en garder le contrôle. Zappez, il n’y a rien à voir.

Caisse de compensation : le gouffre sans fin

Un gouffre sans fin et un moyen d’acheter la paix sociale. Voila ce qu’est la caisse de compensation au Maroc. Depuis plusieurs années, on vit la même histoire. Les prix des matières premières explosent sur les marchés internationaux, le budget alloué initialement à la caisse n’est plus suffisant, et l’état est obligé d’accorder une rallonge pour pouvoir rembourser les arriérés. Souvent à coup d’endettement interne. La situation n’est guère différente en 2010. Le budget initialement alloué était de 14 milliards de DH, et une rallonge d’au moins 10 milliards sera nécessaire pour boucler l’année.

Le budget de la caisse a connu une évolution soutenue durant les 10 dernières années, avec un pic en 2008, année de flambée de toutes les matières premières sur les marchés internationaux. Les pouvoirs publics souhaiteraient maintenir le budget de la caisse à un niveau de 3% du PIB. Mais cet objectif parait difficile à atteindre vu le niveau des prix des matières premières et leur augmentation prévue en 2011.

Budget Caisse Compensation Maroc
On parle depuis plusieurs années d’une réforme radicale de la caisse de compensation. Ce n’est un secret pour personne, au lieu de jouer son rôle de filet social et d’aider les plus pauvres, les subventions profitent surtout aux 4×4 des riches. Exemple ultime d’aberrations : l’Etat subventionne le sucre contenu dans les boissons gazeuses! L’Etat reconnait bien le problème et l’expose bien à travers certaines études. Petit tableau résumant deux études du HCP et du Ministère des Affaires Générales.

subventions caisse compensation
Mais comment fait-on ailleurs? Le Maroc n’est pas le seul à être confronté à cette problématique. Les expériences indonésiennes et mexicaines sont reconnues comme réussies par la Banque Mondiale. L’Indonésie a établi 10 critères permettant d’identifier les populations éligibles aux aides directes de l’état. Ces familles bénéficient d’une aide financière (envoyée mensuellement par poste), les aidant à préserver leur pouvoir d’achat après la suppression des subventions. Dans le cas mexicain, elles ont bénéficié à 5 millions de familles et sont conditionnées à la présence à l’école de tous les enfants, et à des visites médicales régulières. D’une pierre deux coups : baisser les niveaux de la pauvreté, et l’amélioration de l’accès à l’enseignement et aux services de santé. On peut facilement imaginer un système similaire au Maroc, à condition que le recensement soit fait de manière transparente et juste (en gros, éloigner les qaid et les moqaddem du processus…).

La décision est plus politique qu’autre chose. Quel gouvernement aura le courage de réformer ce système, au risque de déclencher une grosse instabilité sociale? Les gouvernements des 30 dernières années sont tous hantés par le spectre des émeutes de juin 1981, déclenchées suite à l’augmentation du prix du pain et réprimés dans le sang par le régime, faisant des centaines de morts.

Courage Abbas (et son poulain Nizar)! De toute les manières, les élections de 2012 sont déjà promises au PAM. Quitte à faire au moins une bonne action pour le Maroc au cours de votre quinquennat!

Pour une approche plus scientifique du sujet, vous pouvez vous reporter à l’étude de M. Khalid Soudi.

Karibu Tanzania!

Zebra Tanzania Mikumi Park

Un beau matin. Un email d’invitation tombé de je ne sais où. Un email qui a des airs de spam. Et hop, “Report as a spam”. Stoooop!  Le gars ne semble pas demander de l’argent. Ca change un peu des ministres nigériens tombés en disgrâce et qui vous proposent de les aider à transférer leur fortune personnelle, en échange d’une (grosse) commission. Sauf que là, ca ressemble à une invitation à une conférence. Sous les tropiques. Organisée par des allemands. Ca a l’air sérieux tout ça! Je confirme? Mouais. Le billet d’avion qui arrive. C’est donc vraiment sérieux leur truc?! Pour résumer, un célèbre institut allemand, The Konrad Adenauer Stiftung, avec une université sud-africaine, Rhode’s University’s Sol Plaatje Institute, invitent un marocain en Tanzanie pour discuter de la régulation des blogs. C’est quand même beau la mondialisation!

Mais il y a de ces pays dont on appréhende la visite. Beaucoup de préjugés qui traversent l’esprit. Les moustiques, la guerre, l’humidité, la malaria, l’eau non potable, les coupures d’électricité… Mouais. Mais ca existe surtout dans les JT tout cela. Deuxième voyage en Afrique sub-saharienne donc, après un inoubliable voyage au Sénégal, il y a une dizaine d’années. Arrivé à Dar es Salaam, les préjugés sont très vite balayés. La Tanzanie n’a jamais connu de guerre depuis son indépendance (et son union entre Tanganyka et Zanzibar), il n’y a pas plus de moustiques là-bas qu’au Maroc, l’humidité y est très supportable et le climat franchement bon, et les bouteilles d’eau minérales sont en vente partout. Pas de panique donc.

L’Africa Media Leadership Conference rassemble une belle brochette de professionnels de médias en Afrique, surtout ceux de la partie anglophone. On y discute des nouveaux business models de media houses, d’opportunités de développement des médias en Afrique, et de l’évolution de la régulation dans les différents pays africains. La discussion sur la régulation des blogs a réuni le kenyan Daudi Were, le camerounais Dibussi Tande, le tanzanien Ndesanjo Macha, et votre serviteur marocain. Il a surtout été question d’un éventuel rôle de l’Etat dans la régulation des blogs. Une unanimité s’est dégagé sur le rôle très important de l’auto-régulation et de laisser la justice faire son travail en cas de dépassements (diffamation…) A supposer bien sûr que le pouvoir judiciaire est complètement indépendant de l’exécutif. On garde quand même en tête que l’Etat saoudien comptait imposer aux blogueurs d’obtenir une autorisation du ministère d’information pour pouvoir s’exprimer sur Internet, avant qu’il ne fasse marche arrière devant la colère des internautes saoudiens. Le ridicule ne tue pas…

Cette messe de médias africains, m’a surtout permis de constater qu’on est très loin derrière en matière de liberté de la presse. Contrairement à ce qu’affirme notre bien-aimé ministre de la communication, le Maroc est très loin d’être un oasis de liberté d’expression. Même les pays d’Afrique sub-saharienne nous devancent largement. “Combien de chaines de télévisions hertziennes avez vous au Maroc?” me demande un journaliste kenyan. “Deux chaines. Et toutes les deux appartiennent à l’Etat. Et au Kenya?” “14 chaines, dont une seule appartient à l’Etat”. J’avais juste envie de me cacher sous la moquette. Même en Afrique, le Makhzen nous fout la honte. Tfou.

Après la conférence, il était temps de découvrir à quoi ressemble la Tanzanie. Dar es Salaam d’abord. Ville chaotique de 4 millions d’habitants. Difficile de lui trouver un quelconque charme. Le plus frappant dans cette ville, c’est ses embouteillages. Même en Chine, je n’avais pas vu de pareils bouchons. Attendre une bonne heure à 7h du matin sur un bouchon de 10 Km n’a rien d’exceptionnel. Et le plus étonnant dans l’histoire, c’est le flegme des dar-es-salaamiens. Ils conduisent plutôt bien, respectent les feux rouges, n’utilisent que rarement leurs klaxons. Sans doute un héritage des colons britanniques. Nos ex-colons à nous, ne nous ont pas si bien éduqués en la matière… Ou comme dirait l’adage “فاقد الشيء لا يعطيه”

Ensuite Zanzibar. Sublime archipel à 70 Km de Dar es Salaam, la population y est à grande majorité musulmane. Plaque tournante du commerce des épices, l’île garde une empreinte marquée de la présence arabe. Jusqu’aux années 60, Zanzibar était gouvernée par les sultans d’Oman, avant qu’une “révolution” ne transfère le pouvoir à la population locale. Une balade dans les rues de Stone Town, et vous voila transporté dans une ambiance XVIIème siècle, avec des commerçants un peu partout, des artisans dans leur échoppes, de magnifiques bâtiments influencés par les architectures arabes, indiennes et africaines. Et pour couronner le tout, d’interminables plages de sable blanc fin, bordées de cocotiers sur une mer turquoise. Une petite Fès au bord de l’Océan Indien. Hamid Chabat s’y plairait bien.

Mais comment aller en Tanzanie sans tenter l’expérience d’un safari. Petit arrangement avec une agence de voyage locale, et me voila à 300 Km de la capitale au Mikumi National Park. Je m’attendais à trouver un gigantesque parc avec un enclos, et des animaux qui vivaient dedans. Une sorte de zoo géant. En fait pas du tout. Les animaux vivent dans la nature, loin de toute présence humaine. Les humains n’ont d’ailleurs pas trop intérêt à vivre à proximité de lions. La seule trace de civilisation, est une route nationale qui traverse le parc. Tiens, des girafes qui traversent la route. Un panneau qui indique la présence d’éléphants. Au fait, il ressemble à nos fameux panneaux triangulaires indiquant la présence de vaches. Sauf que c’est un éléphant qui est dessiné dans le triangle. Pas compliqué.

Dès qu’on sort de la route, on retrouve d’autres scènes de la vie animale. Des gnous, des zèbres, des éléphants, des girafes, des hippopotames, des antilopes, des lions. Et puis des scènes dignes des meilleurs documentaires de National Geographic. Comme ce groupe de lionnes qui attendent patiemment au bord du lac l’arrivée de zèbres et de gnous venus se désaltérer. Et ces vautours qui attendent impatiemment la fin du carnage avant même qu’il n’ait commencé. Fascinante vie animale.

Welcome to Tanzania! Ou Karibu Tanzania en kiswahli.

Un grand merci à un fidèle lecteur de ce blog, sans qui ce voyage n’aurait pas été possible.

Vous trouverez une sélection de photos sur l’album Tanzanie