Offres GSM de Inwi : Peut mieux faire!

Le suspens est enfin terminé, et Inwi a finalement dévoilé ses offres après avoir obtenu la licence GSM en Février 2009.

Premier changement, la marque. Wana devient désormais Inwi. Ce changement de dénomination est assez inhabituel pour une marque lancée il y a à peine 3 ans. Mais il semblerait que le nouveau management souhaitait une rupture totale avec l’image négative qu’avait Wana sur certains services. Le départ de Karim Zaz, ex-PDG, resté à la tête de Maroc Connect, puis de Wana, pendant une bonne décennie s’est fait la veille du lancement de l’offre commerciale d’Inwi. Tout un symbole.

Qu’en est-t-il des offres proposées par Inwi? Première bonne nouvelle, la facturation se fera à la seconde, dès la première seconde, pour les offres pré-payées (Tic-Tac). Ce qui est en complète rupture avec ce que proposait les 2 autres opérateurs, qui facturaient entièrement la 1ère minute, puis par paliers de 20 ou 30 secondes. Mais le prix reste néanmoins élevé : 4,2 Dh/minute (ou 7 centimes/seconde), soit un prix comparable à celui pratiqué par Méditel ou Maroc Telecom. Petit comparatif des prix des communications en pré-payé :

L’instauration de la tarification à la seconde, est une vieille revendication des consommateurs, qui n’ont trouvé que le “bip” pour contourner la cherté des prix de la communication. Selon une récente étude, 74% des usagers de la téléphonie mobile utilisent le “bip” pour faire passer un message, ou pour demander à se faire rappeler. Autant dire que ce sont des ressources réseau consommées, mais qui ne rapportent rien aux opérateurs! Inwi a donc bien compris, que la majorité des communications téléphoniques ne durent pas plus d’une minute, et que le consommateur ne veut pas payer ce qu’il n’a pas consommé.

Concernant les offres post-payées (abonnements et forfaits), Inwi ne va pas appliquer une tarification à la seconde! La première minute sera indivisible, et la facturation se fera ensuite par paliers de 20 secondes. Un forfait de base (2h) avec une option de plafonnement, coutera 240 Dh chez Inwi. Soit un prix à la minute exactement pareil à celui de Méditel (forfait 1h30) ou Maroc Telecom (1h30). Pour les 3 opérateurs, le prix de la minute revient à 2 Dh pour ces forfaits de base. Les 3 opérateurs proposent également la gratuité des appels vers leur propre réseau, stratégie commerciale qui pousse les clients à épuiser leur forfait, pour passer à des paliers de tarification hors forfait nettement plus chers. A mon avis, le segment du post-payé est celui où il y a le plus de clients à conquérir. Le pourcentage de clients en post-payé n’est que de 10%, et d’importantes parts de marché peuvent être grignotées si les prix sont suffisamment attractifs.

Par ailleurs, Inwi semble cibler des niches plutôt délaissées par les autres opérateurs. L’opérateur cible les jeunes cadres actifs, et lance une offre de Blackberry en pré-payé, à 90 DH/semaine ou 200 DH/mois. L’opérateur cible également les jeunes utilisateurs de MSN (ou Windows Live Messenger), et leur propose des pass allant de 5 DH/heure à 30 DH/semaine.

Toutefois, dans un marché où le taux d’équipement est de 80%, il est essentiel pour un nouvel opérateur de proposer l’option de portabilité du numéro. Elle permet à un usager de passer à un nouvel opérateur, sans changer de numéro. L’option est possible depuis quelques mois chez les autres opérateurs, mais elle a la réputation d’être assez fastidieuse. Inwi a tout intérêt à la faciliter au maximum pour ses nouveaux clients. Mais le fait de proposer des cartes SIM à 20 Dh, poussera les clients à s’équiper d’une puce Inwi, ne serait ce que pour pouvoir bénéficier d’offres promotionnelles, sans pour autant en faire son numéro principal. Inwi a d’ailleurs annoncé  une offre de lancement permettant d’offrir 10 DH par jour, pendant 100 jours (soit 1000 DH de communications au total), à condition que le client paye au moins une minute de communication par jour.

Mis à part la tarification à la seconde, les offres d’Inwi ne s’inscrivent pas vraiment dans un esprit de rupture. Les prix pratiqués restent alignés sur le marché, même si le dernier Conseil d’Administration de l’ANRT préconisait une baisse des tarifs de la téléphonie mobile au Maroc à court et moyen terme. Comment faire? Inwi ne semble pas vouloir entrer dans une guerre des prix pour le moment. Il faudra bien rentabiliser les investissements consentis!

SixthSense : Intégrer les mondes réel et numérique

Oubliez les joujoux d’Apple, oubliez le Surface de Microsoft ou le Kindle d’Amazon, l’informatique du futur est déjà parmi nous. Un brillant chercheur du MIT Media Lab, le laboratoire également à l’origine de l’OLPC, a inventé un système complètement révolutionnaire appelé le SixthSense.

Composé d’un projecteur de poche, d’un miroir et d’une caméra, cet appareil permet une interaction très avancée entre le monde réel et le monde numérique. Les gestes du quotidiens peuvent être directement interprétés par ces appareils, et intégrés dans le monde numérique. Il suffit par exemple de cadrer un paysage par ses doigts pour que le système prenne une photo, de regarder son poignet pour qu’une montre apparaisse, ou de consulter un livre dans une bibliothèque pour que le système aille chercher des avis d’internautes sur ce livre. Cerise sur le gâteau, l’inventeur de ce bijou de la technologie, Pranav Mistry, annonce que le prototype ne coûte pas plus de 300$, et que l’intégralité du système sera en open source! Vivement sa commercialisation!

PS : La vidéo devient vraiment intéressante à partir de la 5ème minute. Vous pouvez choisir le sous-titrage qui vous convient dans le menu “Subtitles”.

TGV au Maroc : A quoi bon?

Le projet de la ligne à grande vitesse Casablanca-Tanger vient d’être officiellement lancé en ce début d’année 2010, deux ans après l’annonce de sa réalisation par la SNCF et Alstom lors de la visite de Nicolas Sarkozy au Maroc en octobre 2007. Le budget alloué au projet est de 20 milliards de DH, et devrait être opérationnel à la fin 2015.

Beaucoup d’observateurs avaient estimé, au moment de la visite de Sarkozy au Maroc, que l’annonce du projet de TGV, venait pour consoler les français, après l’achat d’avions de chasse américains F16 au lieu des Rafale français comme cela a été annoncé auparavant. Il faut signaler que les marchés ont été attribués de gré à gré à Alstom et à la SNCF, sans aucun appel d’offres. Pratique digne d’un pays bananier, surtout sur des projets aux enjeux aussi importants, et avec d’aussi gros montants engagés.

Mais quel est l’intérêt d’investir 20 milliards de DH sur un projet qui est loin d’être vital pour un pays comme le Maroc? La question tout simplement jamais été posée au marocains, ni à leurs députés censés les représenter.

Que pouvait-on faire avec 20 milliards de DH sur la table? C’est équivalent à deux fois le budget alloué à l’INDH entre 2005 et 2009, à deux ports Tanger Med, ou aux deux tiers du budget d’investissement du gouvernement marocain sur une année. Autant dire qu’on met beaucoup d’argent pour un projet dont l’utilité reste à démontrer…

Contrairement à ce que l’on peut croire, les lignes à grandes vitesses (à trains pouvant rouler à plus de 200 KM/h) ne sont pas aussi répandues dans le monde. Le Japon a été pionnier dans le domaine avec son fameux Shinkansen à la fin des années 60, et d’autres pays ont emboité le pas. On retrouve parmi cette liste le Japon, l’Allemagne, la France, l’Italie, la Chine, l’Espagne ou la Corée du Sud. Les Etats Unis n’en disposent tout simplement pas pour l’instant. Le montage de certains projets est en cours, et le débat fait rage entre favorables et hostiles aux projets.

Un petit graphique comparant le PIB par habitant de ces pays (en PPP) avec celui du Maroc, suffira à nous donner une idée sur la richesse des pays qui disposent actuellement de trains à grande vitesse.

Où va-t-on trouver tout cet argent? L’Etat marocain mettra 5,8 milliards de DH sur la table, la France et l’UE devraient effecteur un don de 1,9 milliards, et le reste (12,3 milliards) proviendra de prêts octroyés par la France et la Banque Européenne d’Investissement. En gros, le tiers proviendra du budget de l’Etat (donc de la poche des marocains) au détriment d’autres investissements plus pertinents, et on laissera aux générations futures le soin de payer les deux tiers restants. Tout cela pour pouvoir relier Rabat à Tanger en 1h20.

Par ailleurs, l’ONCF promets un taux de rentabilité de 12,6%, soit deux fois et demi la rentabilité des TGV français! L’ONCF dit aussi s’attendre à 8 millions de voyageurs sur cette ligne, mais on oublie de nous dire l’essentiel : quel sera le prix à payer pour voyager sur le TGV marocain? Le fait de connaitre par avance le taux de rentabilité d’un projet, implique que l’on ait déjà une idée sur les prix qui devraient être appliqués. Or, cette donnée n’apparait nul part sur les communiqués officiels du projet. Il y a fort à parier que le prix est tellement élevé que l’écrasante majorité des marocains ne pourront pas se payer un voyage sur ce TGV. Et la discrétion qui entoure la question du prix de voyage ne fait que renforcer cette hypothèse. Beaucoup estiment d’ailleurs que la catégorie des marocains pouvant emprunter ce TGV, afin de gagner du temps et voyager de Casablanca à Tanger en 2h10, ont déjà les moyens de le faire en avion, et en beaucoup moins de temps!

Réaliser une infrastructure aussi lourde et à la pointe de la technologie ne pourra être que bénéfique à un pays. Mais si ce pays abrite encore 40% d’analphabète, 15% d’habitants vivant en dessous du seuil de la pauvreté, et dont l’économie dépend encore largement de la pluviométrie, un investissement de 20 milliards de DH dans un TGV est tout simplement de la dilapidation de deniers publics.

 

Cet argent aurait mieux pu servir à réaliser l’extension du réseau ferroviaire vers d’autres villes comme Agadir ou Tetouan, à améliorer la sécurité des passages à niveau voire à les supprimer, ou à acheter de nouvelles rames, plus confortables et plus rapides. Et si on tient tellement à rouler plus vite, l’ONCF aurait pu envisager d’améliorer son infrastructure ferroviaire et permettre aux trains de rouler à des vitesses allant jusqu’à 200Km/h, et ceci avec des investissements beaucoup plus raisonnables que ceux prévus pour un TGV roulant à 350 Km/h. D’ailleurs, un projet est déjà en cours pour réaliser un raccourci entre Sidi Yahya et Mechraa Bel Ksiri, permettant d’éviter de passer par Sidi Kacem, et de réduire la durée d’un trajet Rabat-Tanger d’une heure.

Pendant ce temps là, les entreprises françaises (Alstom et la SNCF entre autres…) ne nous remercieront jamais assez de participer aussi activement à la relance de leur économie. Aux dépends de la notre.

Blog gagnant du Maroc Blog Awards!

Trophée de la meilleure blogueuse du Maroc Blog Awards décerné à Imane Tirich

Tout simplement MERCI à ceux qui ont voté pour l’article sur le comparatif des tarifs bancaires au Maroc, comme meilleur article de blog de l’année 2010! La soirée des Maroc Blog Awards a montré la richesse et la diversité de la blogoma, et son évolution rapide.

D’autres articles méritaient tout autant de gagner, comme l’émouvant récit du bref séjour en prison de Docteur Ho, ou le récit de voyage de Aymane Boubouh à Ghaza en pleine offensive israélienne.

Et en attendant l’édition 2010, keep blogging!