Le Maroc déclaré “Régime autoritaire”

Democracy

Le très sérieux The Economist a publié une étude portant sur les démocraties dans le Monde. Et le constant est sans appel : le Maroc est classé au 120ème rang (sur 167 pays étudiés) dans la catégorie “Régimes autoritaires”. Le classement s’est basé sur 5 critères : Processus électoral et pluralisme, Fonctionnement du gouvernement, Participation politique, Culture politique, et enfin Libertés civiles.

Sans surprise, ce sont les pays scandinaves qui trustent les premières positions (mais qu’est ce qu’ils doivent s’ennuyer là-bas alors!), les Etats-Unis 18ème et la France 24ème.

L’Espagne et le Portugal qui étaient jusqu’au milieu des années 70 sous une dictature miltaire, sont classés respectivement à la 15ème et 25ème place. L’Afrique du Sud,  sous le régime de l’Apartheid jusqu’en 1990 est à la 31ème position. Le Chili, dictature sous Pinochet jusqu’à la fin des années 80 est à la 32 ème place.

Le Maroc est donc derrière le Cap Vert (34), le Timor Leste (47), le Sri Lanka (57), la Mongolie (58), le Lesotho (71), l’Albanie (81), le Mali (83), Palestine (85), le Sénégal (93)…

Dans le voisinage de notre classement, on a de la bonne compagnie. Celle de nos frères arabes qu’on aime tant. Celle de l’Iraq (116), la Jordanie (117), la Mauritanie (118), l’Egypte (119), le Koweit (129), le Bahrain (130), l’Algérie (133), la Tunisie (141)…

Un joli pied de nez à tous ceux qui déclarent le Maroc comme un oasis de démocratie et un modèle pour tous les pays cherchant leur voie démocratique.

Le cocotier a vraiment besoin d’être secoué…

Livremoi.ma : Un futur Amazon marocain?

Livremoi.ma

J’ai pu découvrir aujourd’hui, un site qui offre un service devenu banal dans beaucoup de pays, mais qui manquait cruellement au Maroc. Il s’agit de Livremoi.ma, site de vente de livres par Internet. Le site affiche une bannière “En construction”, mais contient déjà un catalogue très riche. Les livres sont essentiellement en langue française, mais je suis toujours à la recherche d’un livre dans une langue différente! Très vite, j’ai eu envie de comparer les services de Livremoi.ma avec ceux de Amazon, auquel je suis habitué en France.

Tout d’abord, les prix. Ceux affichés par Livremoi.ma sont de 10 à 30% supérieurs à ceux d’Amazon. En France, une loi impose (comme pour les médicaments) un prix fixe aux livres, et ne laisse que 5% comme marge de manœuvre aux distributeurs. La plupart utilisent ces  5% comme moyen d’attirer et fidéliser les clients. Mais pourquoi des prix aussi élevés chez Livremoi.ma? A ma connaissance, les livres sont exonérés de droits de douane au Maroc. Il y a sûrement des coûts logistiques, mais je serais étonné d’apprendre qu’ils soient aussi élevés. Le seul argument qui me paraît défendable, serait celui des économies d’échelle. Amazon applique surtout une stratégie de quantité plutôt que de prix. Les marges sont faibles, mais largement compensées par la quantité phénoménale de livres vendus. Ce n’est pas du tout le cas au Maroc. Le marocain moyen lit très peu, et on ne peut donc compter sur des ventes importantes pour s’assurer une viabilité économique. Mais adapter le prix des livres au pouvoir d’achat des marocains, pourrait peut-être attirer plus de clients lecteurs.

Autre point essentiel, le paiement. Le site est un des premiers au Maroc à offrir la possibilité de payer par carte bancaire. Il utilise la plateforme de Maroc Télécommerce et du CMI. Le client peut également payer par chèque ou virement. Sur ce point, rien à dire, le site est à la pointe de ce qui se fait ailleurs dans le Monde.

Un autre volet, est celui de la livraison. Les clients d’Amazon apprécient particulièrement la possibilité de livraison gratuite à domicile dans un délai de 2 à 7 jours. C’est ce qui a d’ailleurs fait son succès en France. Chez Livremoi.ma les délais sont plus longs (1 à 4 semaines), et la livraison est facturée à 30 Dh. Les livres peuvent cependant être retirés, sans frais supplémentaires, du siège social de la société à Casablanca.

Dernières remarques sur le site lui même. Le design est très (trop?) basique, et les fonctionnalités limitées au strict minimum. Le site est basé sur Zen Cart, un CMS pour sites de e-commerce. Le rendre plus attractif, et plus convivial ne pourrait qu’attirer plus de clients.

En conclusion, je m’interroge sur la vraie valeur ajoutée du projet. Qu’est ce qui pousserait un lecteur lambda à acheter chez Livremoi.ma plutôt que chez son libraire habituel? Les prix ne sont pas particulièrement attractifs. De plus, il faudrait payer des frais de livraison, et attendre quelques semaines pour recevoir son livre. Deux raisons me paraissent envisageables : le catalogue semble important, et on pourrait y trouver des livres qu’on ne trouve pas dans les librairies au Maroc. Ensuite, un client qui habite loin des grandes agglomérations serait très intéressé par ce service. Il n’aura plus à se déplacer pour acheter les livres qu’il cherche, et sera livré chez lui.

Livremoi.ma a-t-il de l’avenir dans un pays où on lit peu? J’espère sincèrement que oui.

PS : Aux gestionnaires du site. Pensez à ajouter les livres de cuisine de Choumicha. Ca ne peut faire que du bien à votre chiffre d’affaires 🙂

Et si l’étude de “Notre ami le roi” était progammée au lycée?

Notre ami le roi

J’ai terminé cette semaine la lecture du fameux “Notre ami le roi” de Gilles Perrault, et je crois sincèrement qu’il fait partie d’un des meilleurs livres écrits sur le Maroc des années de plomb. Il y a de cela quelques années, j’avais lu “Lords of Atlas, the Rise and Fall of Glaoua” (Glaoui, Dernier Seigneur de l’Atlas) de Gavin Maxwell, qui raconte la montée en puissance, puis la déchéance des deux frères Thami et Madani Glaoui, qui ont façonnés, à leur manière, l’histoire du Maroc et des zones qu’ils gouvernaient. Ces deux livres représentent pour moi, les meilleurs témoignages de ce que fut le Maroc du XXème siècle.

Ma première lecture sur les années de plomb fut en 2000 (j’avais 16 ans à l’époque). Il s’agissait des mémoires de Mohamed Raïs sur le bagne de Tazmamart qui paraissaient quotidiennement sur les colonnes d’Al Ittihad al Ichtiraki. Il m’arrivait souvent d’assister à des conversations sur les violations des droits de l’homme, les kidnapping, les tortures… Mais avant de lires les mémoires de Raïs, jamais je n’aurais imaginé que des gens avaient pu vivre dans des conditions pareilles pendant plus de 18 ans. J’ai pu lire ensuite divers livres, articles et témoignages sur ces années de plomb. La lecture de “Notre ami le roi” ne m’a pas apporté d’informations sensiblement nouvelles par rapport à ce que j’avais lu avant (mis à part quelques détails et anecdotes), mais c’est surtout l’effet de bombe qu’il a eu à l’époque de sa parution qui me fascine. Certains disent que sans la parution de ce livre, les prisonniers de Tazmamart auraient passés quelques années supplémentaire dans ce terrible bagne, et que le régime aurait continué ses exactions sans être inquité…

L’émission “Chahid 3ala l3asr” actuellement diffusée sur Al Jazeera, suscite un fort engouement ces dernières semaines au Maroc. Le témoignage de Ahmed Marzouki, l’ex-détenu de Tazmamart, relate avec beaucoup de talent, des détails sur la tentative de putsch en 1971, ainsi que son séjour dans le terrible bagne désertique. Les marocains ont, pour la première fois, l’occasion de voir sur leurs télés (ou plutôt sur celle du Qatar…), une personne raconter avec autant de détails ce qu’elle a pu endurer comme souffrances durant une vingtaine d’années.

Cet engouement se justifie surtout par une chose : on connaît mal notre histoire moderne, et on a très envie de la connaître. Mis à part une poignée de marocains, qui ont lu les quelques livres témoins des années de plomb, peu de gens connaissent les détails de ce coté obscur de notre histoire. Mais alors que nous enseigne-t-on à l’école? Mes souvenirs de cours d’histoire et géographie de collège et lycée me rappellent qu’on avait surtout parlé (en vrac) de Massinissa, Juba II, la politique des barrages au Maroc, l’économie de la Libye et que, surtout, toutes les dynasties marocaines étaient incroyablement puissantes avec des royaume qui s’étendaient du fleuve Sénégal jusqu’aux environs de Madrid (Jdoudna kanou s7a7, merci Hoba). Bon j’exagère un peu, il y avait aussi des cours intéressants, mais essayez de faire un tour dans un lycée marocain, et demandez aux étudiants de vous citer les dates des deux tentatives de putsch contre Hassan II, de vous décrire qui était Oufkir ou Dlimi, ou de vous parler de Mehdi Ben Barka. Très peu pourront le faire. Pourtant, une des recommandations de l’Instance Equité et Reconciliation, était bien de “construire une mémoire collective”.

Par où commencer? Les manuels scolaires surement. Que les lycéens sachent ce qui s’est vraiment passé pendant plus de 40 ans au Maroc. Que des gens ont été emprisonnés, torturés, kidnappés, tués, à la défense de certains idéaux (certes pas toujours très démocratiques). Le Maroc d’aujourd’hui est en partie façonné par ce qui s’est passé pendant ces années de plomb. Le comprendre reviendrait à déchiffrer des évènements, pas toujours connus du grand public, qui se sont passés il y a 20 ou 30 ans. Éviter que cela ne se reproduise un jour, reviendrait à bien assimiler les leçons du passé.

Et si on programmait la lecture de “Notre ami le roi” au lycée? Certes, le livre comporte des détails intimes de la vie du sérail qui n’ont pas vraiment leur importance pour l’Histoire. Mais épuré de certains passages, ce livre est un rare concentré d’histoire du Maroc,  de l’indépendance à 1990, écrit dans un style très fluide, et facilement abordable. Ce n’est peut-être aujourd’hui qu’une utopie, mais qui sait?

Je terminerai par cette phrase de Feu Driss Benzekri : « Il s’agit non pas seulement de partager la connaissance et la réappropriation du passé mais aussi de faire surgir dans le présent et le débat contradictoire, des normes et des règles communes de vivre et bâtir ensemble le futur… ». A bon entendeur…

PS : Quelqu’un sait si le livre est toujours interdit au Maroc? Est-il en vente libre dans les librairies?

Coup de gueule : Plagiat de la part du Courrier de Casablanca

Pirates du Net

EDIT : Cinq jours après la publication de ce post, j’ai reçu un email de M. Amine Squalli du Courrier de Casablanca, mentionnant que le fait de ne pas voir mis la référence de l’article est dû à un oubli. Le problème est désormais résolu. 🙂

J’ai publié récemment un article sur le lancement de l’offre triple play chez Maroc Telecom, faisant part de mon point de vue sur cette offre. Quelques jours après, je retrouve mon article copié tel quel, sans aucune modification, sur le site du Courrier de Casablanca. L’article ne porte aucune mention de la référence ni de l’auteur. Le journal électronique se permet même de mettre cet article en 1ère page! C’est ce qu’on appelle du culot!

J’ai pris la peine d’écrire à la rédaction du site, leur demandant de retirer l’article ou au moins d’en mentionner la source, mais je n’ai reçu aucune réponse à ce jour. Ce comportement, hélas de plus en plus fréquent sur les sites marocains, nuit gravement à la création, et au développement d’un contenu sur les sites Internet marocains. Un journal électronique qui a l’air tout à fait respectable, mais qui utilise des méthodes dignes de pirates du net, n’est même pas capable de rédiger lui même un article sur un événement majeur dans l’évolution d’Internet au Maroc.

Si vous posséder un blog, vous pouvez vérifier si votre contenu a été plagié en utilisant l’excellent Copyscape.

Quand Bouteflika pirate Google…

Non ce n’est pas une blague! Les algériens abonnés à l’opérateur EEPAD qui tentaient d’accéder à la page locale de Google en Algérie, tombaient sur cette page :

Google Bouteflika

Source (Cliquez sur l’image pour l’agrandir)

Le problème qui a duré près de 3 heures et demi, est maintenant résolu, et beaucoup s’interrogent sur l’origine et les instigateurs de cette “attaque”. Il pourrait s’agir d’une manipulation de DNS au niveau de l’opérateur qui a fait rediriger le domaine de Google.dz vers celui du site de la campagne présidentielle de Bouteflika, candidat à un troisième mandat présidentiel, dans les élections qui se déroulent le jeudi 9 Avril prochain.