Appel d’offres international : Privatisation de certaines fonctions régaliennes de l’Etat marocain

Face à l’échec des réformes de plusieurs fonctions régaliennes de l’Etat marocain, et à l’insatisfaction des citoyens marocains vis-à-vis des services rendus par les services étatiques concernés, le gouvernement marocain a décidé de lancer un appel d’offres international pour la privatisation de certaines de ses prérogatives : la justice, l’émission de documents administratifs et de pièces d’identité et du maintien de la sécurité et de l’ordre.

La justice :

Soucieux d’assurer aux citoyens marocains une justice impartiale, efficace et non-corrompue, et suite aux lenteurs injustifiables de la réforme de la justice, le gouvernement a décidé de céder l’exploitation des tribunaux marocains à un opérateur privé. Celui-ci se chargera de traiter les affaires portées devant les tribunaux marocains, et de rendre les jugements nécessaires dans les plus brefs délais. Les juges du prestataire devront avoir une conduite exemplaire, et présenter une expérience significative dans l’exercice de fonctions similaires. La connaissance du droit marocain serait un plus. Une préférence sera donnée aux entreprises provenant des pays scandinaves.

L’émission de documents administratifs et de pièces d’identité :

Soucieux de simplifier la vie des citoyens marocains qui sont rebutés à l’idée de se rendre dans un arrondissement pour légaliser un document, et d’éviter le calvaire qui résulte d’une demande de carte nationale d’identité (CNI) ou d’un passeport, le gouvernement marocain a décidé de privatiser ces services. Le prestataire sera en charge de la délivrance des certificats d’état civil, des attestations de domicile, des attestations de vie et de décès, des attestations de bonnes mœurs, des attestations de célibat, de fiançailles et de mariage, ainsi que de la légalisation des signatures et de contrats. Le prestataire se chargera également d’en simplifier les procédures, et de réduire les délais d’obtention à un maximum de 10 minutes. Le prestataire prendra également en charge l’informatisation de l’ensemble des registres papier, et d’installer des bornes automatiques dans les lieux adéquats. Le responsable de chaque centre se contentera de vérifier le contenu du document et d’apposer son cachet et sa signature.

Concernant la délivrance de documents d’identité, le prestataire retenu devra traiter les demandes d’obtention en moins de 24h, et d’offrir des capacités d’accueil suffisantes pour les demandeurs. Les procédures devront être simplifiées, et les papiers demandés réduits au maximum. Pour l’obtention d’une CNI par exemple, inutile de demander une attestation de domicile à l’arrondissement de police le plus proche, qui lui même demande une attestation de domicile du moqaddem, un certificat d’état civil, le contrat de bail si vous êtes locataire ou le titre de propriété si vous être propriétaire, le contrat de mariage si vous êtes le conjoint du propriétaire, ainsi qu’une facture d’eau et d’électricité. Le prestataire ne devra pas exiger plus de 3 pièces pour l’obtention d’un document d’identité, et devra mettre en place un service pour le suivi des demandes d’obtention sur Internet.

Compte tenu de leurs spécificités culturelles et des tendances bureaucratiques de leur pays, les entreprises françaises sont exclues de cet appel d’offres.

Services de sécurité :

Face à la recrudescence de la violence urbaine et de l’insécurité dans les villes marocaines, le gouvernement marocain cède ses fonctions de maintien de l’ordre et de la sécurité à un prestataire privé. Celui-ci devra assurer de l’élimination de toute forme de vol, d’agression, de cambriolage, de viols sur la voie publique. Le prestataire s’engage à couvrir tous les quartiers d’une ville donnée, et ne pas restreindre ses fonctions aux quartiers huppés. Les citoyens ne devront plus ressentir de peur en se promenant seuls à 22h du soir.

Le personnel du prestataire devra être équipé d’une caméra et d’un magnétophone qui enregistrent en permanence les conversations avec les citoyens, ainsi que d’un badge portant clairement le nom et le prénom de l’agent, ainsi que de son matricule. Ces mesures sont destinées à limiter les abus et à faciliter les recours en justice par des citoyens s’estimant lésés par un de ces agents.

Le prestataire veillera également à l’interdiction de la moustache pour tous ses agents.

Le traitement des candidatures se fera par une commission constituée de hauts fonctionnaires marocains, d’experts de différents domaines, ainsi que de représentants de la Banque Mondiale, de l’Union Européenne, de l’OCDE et de Transparency International.

D’autres secteurs, comme l’éducation ou la santé, pourraient faire prochainement l’objet d’appels d’offres similaires.

Ceci est un billet purement satirique. Merci aux journalistes de CNN d’en prendre compte.

Offres GSM de Inwi : Peut mieux faire!

Le suspens est enfin terminé, et Inwi a finalement dévoilé ses offres après avoir obtenu la licence GSM en Février 2009.

Premier changement, la marque. Wana devient désormais Inwi. Ce changement de dénomination est assez inhabituel pour une marque lancée il y a à peine 3 ans. Mais il semblerait que le nouveau management souhaitait une rupture totale avec l’image négative qu’avait Wana sur certains services. Le départ de Karim Zaz, ex-PDG, resté à la tête de Maroc Connect, puis de Wana, pendant une bonne décennie s’est fait la veille du lancement de l’offre commerciale d’Inwi. Tout un symbole.

Qu’en est-t-il des offres proposées par Inwi? Première bonne nouvelle, la facturation se fera à la seconde, dès la première seconde, pour les offres pré-payées (Tic-Tac). Ce qui est en complète rupture avec ce que proposait les 2 autres opérateurs, qui facturaient entièrement la 1ère minute, puis par paliers de 20 ou 30 secondes. Mais le prix reste néanmoins élevé : 4,2 Dh/minute (ou 7 centimes/seconde), soit un prix comparable à celui pratiqué par Méditel ou Maroc Telecom. Petit comparatif des prix des communications en pré-payé :

L’instauration de la tarification à la seconde, est une vieille revendication des consommateurs, qui n’ont trouvé que le “bip” pour contourner la cherté des prix de la communication. Selon une récente étude, 74% des usagers de la téléphonie mobile utilisent le “bip” pour faire passer un message, ou pour demander à se faire rappeler. Autant dire que ce sont des ressources réseau consommées, mais qui ne rapportent rien aux opérateurs! Inwi a donc bien compris, que la majorité des communications téléphoniques ne durent pas plus d’une minute, et que le consommateur ne veut pas payer ce qu’il n’a pas consommé.

Concernant les offres post-payées (abonnements et forfaits), Inwi ne va pas appliquer une tarification à la seconde! La première minute sera indivisible, et la facturation se fera ensuite par paliers de 20 secondes. Un forfait de base (2h) avec une option de plafonnement, coutera 240 Dh chez Inwi. Soit un prix à la minute exactement pareil à celui de Méditel (forfait 1h30) ou Maroc Telecom (1h30). Pour les 3 opérateurs, le prix de la minute revient à 2 Dh pour ces forfaits de base. Les 3 opérateurs proposent également la gratuité des appels vers leur propre réseau, stratégie commerciale qui pousse les clients à épuiser leur forfait, pour passer à des paliers de tarification hors forfait nettement plus chers. A mon avis, le segment du post-payé est celui où il y a le plus de clients à conquérir. Le pourcentage de clients en post-payé n’est que de 10%, et d’importantes parts de marché peuvent être grignotées si les prix sont suffisamment attractifs.

Par ailleurs, Inwi semble cibler des niches plutôt délaissées par les autres opérateurs. L’opérateur cible les jeunes cadres actifs, et lance une offre de Blackberry en pré-payé, à 90 DH/semaine ou 200 DH/mois. L’opérateur cible également les jeunes utilisateurs de MSN (ou Windows Live Messenger), et leur propose des pass allant de 5 DH/heure à 30 DH/semaine.

Toutefois, dans un marché où le taux d’équipement est de 80%, il est essentiel pour un nouvel opérateur de proposer l’option de portabilité du numéro. Elle permet à un usager de passer à un nouvel opérateur, sans changer de numéro. L’option est possible depuis quelques mois chez les autres opérateurs, mais elle a la réputation d’être assez fastidieuse. Inwi a tout intérêt à la faciliter au maximum pour ses nouveaux clients. Mais le fait de proposer des cartes SIM à 20 Dh, poussera les clients à s’équiper d’une puce Inwi, ne serait ce que pour pouvoir bénéficier d’offres promotionnelles, sans pour autant en faire son numéro principal. Inwi a d’ailleurs annoncé  une offre de lancement permettant d’offrir 10 DH par jour, pendant 100 jours (soit 1000 DH de communications au total), à condition que le client paye au moins une minute de communication par jour.

Mis à part la tarification à la seconde, les offres d’Inwi ne s’inscrivent pas vraiment dans un esprit de rupture. Les prix pratiqués restent alignés sur le marché, même si le dernier Conseil d’Administration de l’ANRT préconisait une baisse des tarifs de la téléphonie mobile au Maroc à court et moyen terme. Comment faire? Inwi ne semble pas vouloir entrer dans une guerre des prix pour le moment. Il faudra bien rentabiliser les investissements consentis!