Etat marocain : des méthodes kadhafistes pour surveiller Internet ?

Rappelez-vous, d’un épisode particulier de la chute du sanguinaire dictateur libyen : deux journalistes du Wall Street Journal (WSJ) découvrent stupéfaits l’existence d’un centre secret à Tripoli pour la surveillance d’activistes libyens sur Internet. Le centre disposait d’importants moyens informatiques dont un logiciel appelé Eagle et édité par la société française Amesys.

Que permet de faire ce logiciel ? Le manuel d’utilisation de Eagle est on ne peut plus clair :

« Le système récupèrera toutes les données, et fichiers attachés, associés aux protocoles suivants : Mail (SMTP, POP3, IMAP), Webmails (Yahoo! Mail Classic & Yahoo! Mail v2, Hotmail v1 & v2, Gmail), VoIP (SIP / RTP audio conversation, MGCP audio conversation, H.323 audio conversation), Chat (MSN Chat, Yahoo! Chat, AOL Chat, Paltalk -qui permet aux utilisateurs de Windows de chatter en mode texte, voix ou vidéo-, Http, Moteurs de recherche (Google, MSN Search, Yahoo), Transferts (FTP, Telnet) ».

Amesys Eagle Operator Manual Copy by rewriting

Il s’agit en gros d’un logiciel de « Deep Packet Inspection », capable de récupérer et inspecter des données circulant entre libyens, et même de dresser des cartographies de relations en fonction des personnes contactées et de la fréquence des échanges.

L’enquête du WSJ avait bien révélé que les services libyens avaient utilisé le logiciel pour épier des conversations entre activistes sur Yahoo Chat et via email.

Le gouvernement marocain est-il tenté d’utiliser des méthodes du défunt Kadhafi pour surveiller Internet ? Tout porte à le croire malheureusement.

Le «Canard enchainé» français avait publié en Février 2012 une facture de 2 millions de dollars destinée au gouvernement marocain de la part de la société Serviware, filiale d’Amesys, elle-même filiale du groupe Bull.

La facture porte mention du « Projet Popcorn », mais ne donne pas plus de détails sur la consistance de la commande. Mais selon le « Canard Enchaîné », le même logiciel aurait été fourni au Qatar et à… la Syrie ! C’est dire la nature démocratique des régimes clients d’Amesys.

Si aucune réaction officielle des autorités marocaines n’a été enregistrée, il ne serait pas du tout étonnant que le régime marocain se mette à surveiller ceux qui l’enquiquinaient il y a 2 ans avec les manifestations du mouvement du 20 février, et le vent de liberté d’expression qui souffle sur l’Internet marocain depuis.

Mais ne faudrait-il pas rappeler que l’article 24 de la Constitution marocaine stipule explicitement que

« Toute personne a droit à la protection de sa vie privée. (…) Les communications privées, sous quelque forme que ce soit, sont secrètes. »

Le régime se cache malheureusement très souvent derrière le prétexte de lutte contre le terrorisme et de lutte contre les fraudes pour justifier ces pratiques. Sauf que ce même article de la Constitution stipule que

« Seule la justice peut autoriser, dans les conditions et selon les formes prévues par la loi, l’accès à leur contenu, leur divulgation totale ou partielle ou leur invocation à la charge de quiconque ».

Quid de la pratique ? Ce n’est un secret pour personne qu’elle est souvent loin de toute règle juridique…

Quelques liens :

Comparatif des offres Internet 3G au Maroc

Internet 3G Maroc

Le parc des abonnées aux offres Internet 3G au Maroc a dépassé, pour la première fois en 2009, le nombre des abonnés aux offres ADSL. Selon le dernier rapport de l’ANRT, on compte à fin Septembre 2009, plus de 560 000 abonnés aux offres Internet 3G, contre moins de 480 000 abonnés aux offres ADSL. Le marché 3G est détenu à 60% par Wana, 20% pour Maroc Telecom, et 20% par Méditel. On constate d’ailleurs une diminution du nombre des abonnés ADSL sur le 3ème trimestre 2009, sans doute convertis aux offres 3G des concurrents de Maroc Telecom.

Alors que dans la plupart des pays, la technologie 3G est réservée majoritairement à l’accès Internet via des téléphones mobiles, on remarque paradoxalement au Maroc que son usage est très majoritairement orienté pour l’accès Internet via des ordinateurs. Comment expliquer ceci? Tout d’abord, le taux de pénétration de la téléphonie fixe est assez faible. Le Maroc dispose de moins de 1 300 000 lignes fixes (hors lignes en mobilité restreinte de Wana), soit un taux de pénétration d’un peu plus que 4% de la population. Lancer des offres d’accès à Internet en visant uniquement des clients disposant de lignes fixes, revient à restreindre fortement la cible. Ensuite, les tarifs de dégroupage total imposés par l’opérateur historique, Maroc Telecom, sont tellement élevés, qu’ils découragent tout opérateur de se lancer sur le créneau d’accès Internet via ADSL.

Les offres d’accès à Internet via 3G se sont donc multipliées. Comment alors faire un choix parmi les offres proposées? On retiendra 3 éléments principaux : le prix, la qualité de connexion, et la couverture réseau.

Le prix :

Avec ou sans engagement, le prix pour une connexion de 1.8 Mbps est pratiquement le même chez les 3 opérateurs : 200 DH / mois. Il s’agit bien entendu d’un débit théorique, donc jamais atteint… Maroc Telecom et Meditel offrent également des débits plus élevés de 3.5 et 7.2 Mbps (vous avez bien lu que c’était théorique?), pour lesquels il faudra débourser respectivement 350 DH et 600 DH.

Le prix d’achat d’un modem 3G va de 400 à 500 DH, mais il est offert en cas d’engagement pour 18 mois chez Wana, ou pour 24 mois chez Maroc Telecom ou Méditel.

La couverture réseau :

Si vous habitez dans une grande ville au Maroc, vous êtes à priori couvert par un réseau 3G. Mais en jetant un coup d’œil rapide aux cartes de couverture 3G des opérateurs, il semble que Wana prend les devant. Toutes les villes de plus de 100 000 habitants (à l’exception de Laayoune) sont couvertes par la 3G. Méditel vient en 2ème position avec une couverture légèrement inférieure à celle de Wana. Maroc Telecom ne fournit pas assez d’informations, mais semble être loin derrière en matière de couverture. D’ailleurs, ses modems sont configurés pour basculer automatiquement en connexion GPRS (donc 2G), en cas de non disponibilité du réseau 3G. Inutile de préciser que le débit peut être divisé par 20, voire plus…

La qualité de connexion :

Le véritable point faible de l’offre 3G au Maroc. Il suffit de faire un tour sur les forums (ici, , ou ) pour avoir une idée sur la déception dont font part beaucoup d’utilisateurs. La raison en est simple : certains réseaux ont été mal dimensionnés pour faire face à un tel engouement des marocains pour Internet. Du coup, tout le monde se retrouve à se plaindre de débit souvent médiocres, et de coupures fréquentes.

Sur ce point, il est très difficile de faire un comparatif, tant les éléments varient d’un quartier à une autre, et que les débits varient beaucoup selon l’heure de la journée. Mais beaucoup d’utilisateurs reportent qu’il existe un avantage relatif de Wana par rapport à ses deux concurrents. Pas étonnant donc qu’il s’approprie 60% de part de marché.

Ceci dit, Wana devient de plus en plus victime de son succès, et la qualité de la connexion s’en ressent. Sans investissements massifs dans l’amélioration des débits actuels, il risque de perdre son avantage concurrentiel sur le marché. Méditel continue de déployer son réseau au Maroc, et compte améliorer sa couverture et la qualité de son débit. Maroc Telecom, confronté à une stagnation des abonnements ADSL, mise beaucoup sur la 3G, où le potentiel de croissance est désormais le plus élevé. Il compte investir massivement pour rattraper son retard et améliorer la qualité de son réseau. Et la donne risque rapidement de s’inverser en matière de parts de marché.

Conclusion :

On a donc vu que la comparaison au niveau des prix était inutile. Ils sont quasiment les mêmes chez les 3 opérateurs. Comment se décider alors? La meilleure solution serait de tester la qualité du réseau 3G des 3 opérateurs dans l’endroit où l’on compte se connecter le plus (à son domicile par exemple). Empruntez les modems des 3 opérateurs de chez des amis, et voyez avec lequel vous êtes le plus satisfait!

Et vivement le Wimax!