Open source au Maroc : Etat des lieux


Il y a une dizaine d’années, parler de logiciels libres, relevait d’un acte de militantisme politico-technologique. Soutenir des valeurs de liberté et de partage, relevait de l’utopie dans un monde dominé par quelques mastodontes cultivant le culte de la “licence” à grands coups de publicité et de lobbyisme commercial. Il avait fallu des gourous barbus, hirsutes et teigneux, sous leur air gentil et pleins de bonne volonté pour expliquer au monde que les logiciels libres était le mieux de ce qui pouvait se faire en informatique. Richard Stallman et ses amis, n’ont ménagé aucun effort depuis des années pour acheminer ce message de liberté et de partage. Mais cela ne suffisait plus. Les logiciels libres pêchaient par leur manque d’ergonomie, et un ciblage particulier d’utilisateurs. Ils avaient la réputation d’être réservés à une population d’initiés geeks, seuls capables de les manipuler et de les faire évoluer. Mais ce changement de ciblage s’est opéré avec succès au fil des années. Il suffit d’observer les parts de marché en nette croissance pour Linux ou Firefox pour s’en rendre compte. Et nul besoin aujourd’hui d’avoir des prêcheurs pour promouvoir le libre. Les experts du marketing vous le diront : un bon produit n’a pas forcément besoin de publicité, et il finit par s’imposer de lui même. Le bouche à oreille est le meilleur plan marketing qui puisse exister.

Au Maroc, on a pris notre temps avant de surfer sur la vague du libre. Et faisons la part des choses, la Linux Party de l’EMI en 1999 a été le premier évènement au Maroc dédié à la promotion des logiciels libres. A l’époque, cela relevait surtout de la curiosité informatique. Il n’y avait pratiquement aucune utilité d’avoir un ordinateur personnel tournant sous Linux, à part celle fait d’avoir un environnement Unix sur PC. D’une simple Install Party, l’évènement s’est transformé en une rencontre annuelle nationale des acteurs des logiciels libres au Maroc.

Mais quid de l’état du libre au Maroc? Il n’est pas du tout aisé de faire une analyse précise sur le secteur, tant les données chiffrées manquent cruellement, et que les entreprises restent plutôt discrètes sur les solutions adoptées en interne. Mais on peut cependant observer une adoption massive de certaines technologies libres (Java, LAMP, les briques open source en JEE…), non pas pour des raisons idéologiques, mais bien parce que la fiabilité et la pérennité de ces solutions n’est plus à démontrer. Et en ces temps de crise, les entreprises cherchent surtout à faire des économies sur les prix de licences, et accorder un peu plus de budget pour l’intégration et la formation. L’offre des SSII marocaines en matière de libre n’est pas pléthorique, mais commence à s’étoffer petit à petit face à une demande de plus en plus croissante des entreprises. Des SSLL (Société de Service en Logiciels Libres) commencent à voir le jour, mais mettent surtout en avant le coût compétitif de leurs solutions pour faire face à la concurrence.

Sur le volet de l’éducation, point noir d’il y a quelques années, la situation s’améliore grandement. Les écoles d’ingénieurs poussent fortement leurs étudiants à maitriser un minimum de technologies libres, au risque de se retrouver lésés sur le marché du travail. Les compétences techniques ne sont donc plus ce qui manque sur le marché du libre.

Cependant, le volet politique reste très en retard sur le reste. Dans tous les pays ayant connu une adoption massive des logiciels libres, l’impulsion est surtout venue de l’Etat. Cela s’est fait en accordant des subventions ou des avantages fiscaux aux entreprises adoptant les solutions libres, en poussant les administrations publiques à s’équiper en logiciels libres, et en finançant la recherche scientifique dans le domaine. Or, force de constater, que rien de cela n’a été fait au Maroc. Pire, dans la récente stratégie Maroc Numeric 2013 adoptée par le Département des Technologies de l’Information, il n’y a aucune mention du rôle ou de la promotion de l’utilisation des logiciels libres pour la concrétisation de cette stratégie. Autant dire que le développement de l’utilisation du libre au Maroc, devra se faire sans l’impulsion de l’Etat. Et beaucoup voient dans le fait que l’actuel ministre en charge des technologies de l’information soit un ex-DG de Microsoft North West Africa, est un frein en soi à l’évolution des logiciels libres au Maroc.

Mais les prochaines années restent prometteuses pour le libre. Les solutions open source se sont banalisées, et le recours de plus en plus prononcé au cloud computing, favorisera certainement l’adoption de standards libres et d’infrastructures basées sur des logiciels open source. L’aventure ne fait donc que commencer.

Liste de quelques sociétés de services en logiciels libres (SSLL) au Maroc :

Article paru dans l’édition 2010 de la revue informatique de l’Ecole Mohammadia d’Ingénieurs

5 thoughts to “Open source au Maroc : Etat des lieux”

  1. Très bonne article Omar
    Il faut faire beaucoup de travaille au Maroc pour promouvoir et commercialiser les logiciels open sources surtout que c’est une question d’idéologies comme vous avez citer en haut.

  2. L’aventure ne fait donc que commencer…je pense que Open Source va gagner cette bataille, suite à l idéologies des marocaines, juste les gens ne sont pas bien formés sur ce sujet
    Je travail sur ce champs ça fait 4 ans sur (ERP .CRM .Roporting .GED.GPAO…..)
    oits.maroc@gmail.com

  3. Les distributeurs de l’open source ne sont plus concentré juste pour l’Amérique et l’Europ, aujourd’hui on est fière d’avoir un distributeur au Maroc agrée par les leaders de l’open source dans le monde tel que Red Hat/JBoss, EnterpriseDB, SugarCRM, Zimbra, Zarafa, Alfresco,Bacula…

    Voila une très bonne nouvelle 🙂 Une Société international spécialisé en distribution des solutions Open Source vient d’investir en Afrique et surtout au Maroc. AmaziQSource est venu avec des servies et des solutions qui porte énormément de gain aux (intégrateurs, éditeur de logiciels…) en augmentant leur marge de bénéfice et pour les utilisateurs finaux !! Ils peuvent en fin dire Bye à l’esclavage des autres solutions qui leurs imposent des somme d’argent colossales avec un support que je peux dire moins performent et plus chère que les produits open source, comme le prouve l’article suivante :
    « Le secret pour avoir des systèmes IT plus fiables à un moindre coût pour le gouvernement, passe par l’adoption de technologies et de logiciels open source”. Et c’est Scott McNealy, le co-fondateur de Sun Microsystems, qui le dit. Celui-ci a été chargé par la nouvelle administration Obama de réaliser une étude pour le gouvernement américain qui l’inciterait à adpoter les logiciels libres pour leurs systèmes IT.
    Confronté à une rigueur budgétaire liée à la crise économique mondiale, Obama souhaiterait réduire au maximum les dépenses inutiles du gouvernement américain. Dans ce sens, McNealy ajoute : ” Le gouvernement devrait rendre obligatoire des produits open source, basés sur des mises en oeuvres open source, pour améliorer la sécurité, obtenir des logiciels de meilleure qualité, des coûts moindres, une fiabilité supérieure, tous les avantages qui viennent avec les logiciels open source “. “L’open source ne vous oblige pas à payer un centime à Microsoft ou IBM ou Oracle ou aucun vendeur de propriétaire” souligne-t-il. »

  4. SALUT .Svp si quelqu’un connait les societes qui assurent la consultation de ubuntu ou redhat ou suse merci de me les donner et c mieux avec leurs coordonnees comme telp merci d’avance.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *