Grèce : Sea, Sun & Debt

Pays en faillite, au bord du gouffre, de la guerre civile, voire même de la famine. Que n’a-t-on pas entendu à propos de la Grèce ces derniers mois? L’explosion du niveau de la dette grecque et la dégradation de la note souveraine de l’État grec a provoqué beaucoup de remous chez les Européens. Une faillite de l’État grec fragiliserait l’Euro, et remettrait en cause la stabilité de la devise européenne. L’État grec a donc été forcé d’accepter une série de réformes draconiennes, allant de la réduction des salaires de fonctionnaires, au recul de l’âge de retraite, en passant par la réduction drastique des investissements publics.

Lors d’un récent voyage en Grèce, je m’attendais à trouver un pays en ébullition, à feu et à sang, tant les médias diffusaient en boucle des images de manifestations et de grèves. Rien de tout cela sur le terrain. Quelques manifestations par ci, une grève de dockers par là. On est loin de ce que martèlent les médias…

Car les grecs restent sereins. Avec une nonchalance typiquement méditerranéenne, ils affrontent leur quotidien avec beaucoup d’humour. Et a y voir de plus près, leur quotidien n’est pas si différent de celui de beaucoup de marocains.

La corruption est endémique en Grèce. Pour avoir un permis de construire, pouvoir être hospitalisé, se faire embaucher dans l’administration ou obtenir son permis de conduire, il faut verser un pot de vin. Selon une étude de Transparency International, les grecs ont versé 790 millions d’euros de pots de vin en 2009, avec en moyenne 1355€ dans les services publics et 1671€ dans les entreprises privées.

Autre problème qui mine les finances publiques grecques : la collecte d’impôts. Les grecs n’aiment pas payer leurs impôts. Et c’est justement une des mesures phares du plan d’austérité grec. Les allemands (qui finissent toujours par payer pour les erreurs des autres) ont refusé d’offrir toute aide financière, tant que le gouvernement grec n’avait pas sensiblement amélioré ses systèmes de collecte d’impôts. La Grèce est championne d’Europe en matière d’économie informelle avec 28% du PIB, et les grecs font tout pour cacher leurs revenus des yeux du fisc : pots de vin, non déclaration des revenus locatifs… Cette année, plusieurs hôtels des îles grecques étaient fermés. Les inspecteurs du fisc, devenus plus agressifs cette année, ont sommé les propriétaires d’hôtels de déclarer tous leurs clients (et donc tous leurs revenus) sous peine de fortes amendes. Réponse des hôteliers : plutôt fermer que de partager nos revenus avec l’État!

Mais il y a une similitude frappante avec la situation au Maroc. Les cours particuliers représentent une part non négligeable du budget des familles. Certaines familles peuvent payer jusqu’à 5000€ par an comme frais de cours, tant la qualité du système éducatif laisse à désirer, et que certains professeurs forcent leurs élèves à prendre des cours particuliers.

Le Maroc pourra-t-il être confronté à court terme à une crise de dette? Même si certains problèmes peuvent paraitre similaires, la situation financière du Maroc est loin d’être comparable à celle de la Grèce. Le taux d’endettement du Maroc est autour de 48% du PIB. Bien loin des 120% de la Grèce. Et l’agence de notation Standard & Poor’s vient d’améliorer la note souveraine du Maroc en le faisant passer vers un BBB-, le faisant passer pour le première fois vers un statut d’Investment Grade. Mais d’autres indicateurs alarmants peuvent faire trembler l’économie marocaine : l’assèchement des liquidités sur le marché bancaire, le déficit abyssal de la balance commerciale ou le niveau d’endettement des ménages (dont on ne parle pas assez). Et il est temps d’agir avant que ce ne soit trop tard.

Vous pouvez parcourir quelques photos de mon voyage sur cet album.

Hassan El Fad is back : Fad TV sur 2M

Hassan El Fad fait son grand retour sur la télévision marocaine avec des sketchs quotidiens sur 2M.

Le premier épisode laisse pour le moment penser que les sketchs sont inspirés de Chanily TV diffusés en 2006, série que je considère personnellement digne de l’anthologique Flying Circus des Monty Python.

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=SbC-PpSl0u8[/youtube]

Vous pouvez également suivre l’actualité et les nouveautés de Hassan El Fad en s’inscrivant sur le groupe Facebook officiel de l’humouriste marocain.

Ramdan moubarak à tous!

L’étrange règlement du concours Android de Méditel

Méditel continue de miser sur le développement de contenu marocain, et lance une opération inédite au Maroc : un concours de développement sur la plateforme Android de Google. Comme il n’existe à ce jour aucune application Android spécifique au Maroc, Méditel voulait utiliser son image de marque pour promouvoir le développement d’un contenu utile au marocains disposant d’un smartphone Android.

Et l’opérateur offre des récompenses bien alléchantes aux lauréats : un voyage aux US pour assister à la conférence I/O Google, des PC portables, des abonnements 3G…

Sauf qu’une clause très étrange dans le règlement du concours, vient noircir le tableau. Selon le règlement du concours, dès que vous soumettrez votre application au Challenge, Méditel devient propriétaire de l’application et détient tous les droits de l’utiliser et de l’exploiter (Alinéa 7) :

Par sa simple participation au Challenge, le Participant confère à MEDI TELECOM une licence perpétuelle, irrévocable, à l’échelle mondiale, sans droits d’auteur, et non exclusive pour utiliser, exploiter, reproduire, effectuer publiquement et créer toute œuvre dérivée de toute Application présentée par lui dans le cadre du Challenge, et communiquer, afficher, montrer ou autrement promouvoir l’Application. En outre, le Participant reconnaît et accepte que MEDI TELECOM aura le droit d’utiliser, exploiter, commercialiser, distribuer, reproduire, communiquer au public l’Application, y compris à titre indicatif et non limitatif, le droit de mettre en place des captures d’écran, des animations et des vidéo clips aux fins de promotion de l’Application.

En gros, en échange d’une participation au concours, vous cédez tous vos droits d’auteurs à Méditel. Si vous diffusez l’application gratuitement ou moyennant finances sur l’Android Market, Méditel peut vous poursuivre en justice, car l’opérateur en détient les droits.

Connaissant le milieu des développeurs, très peu accepteraient de céder les droits de leur application, et préfèreraient de loin la publier sous une licence libre (donc code source ouvert et modifiable à volonté), ou de la commercialiser directement sur l’Android Market.

Espérons que Méditel rétablira très vite des conditions plus équitables dans le règlement du concours.