Le Bonheur National Brut au lieu du PIB?

Bike Copenhagen

Lors d’un récent voyage dans les pays scandinaves, une chose m’avait tout de suite marquée. A tout heure de la journée, quoi qu’il fasse comme météo, et partout où on allait, les gens arboraient de grands sourires. En enchainant les conversations, dans les trains, les auberges de jeunesse, les restaurants ou les terrasses de cafés, on se rendait compte tout de suite que c’est un peuple heureux! Et puis c’est vrai, à chaque fois qu’il y avait des classements de PIB, de développement humain, de corruption, de liberté d’expression, les pays scandinaves caracolaient en tête… Mais une question se pose alors. Pourquoi dans d’autres pays, qui disposent des PIB les plus élevés par habitants (Cf Classement), les gens ne sont pas aussi heureux. Ne nous a pas tant vanté les effets de l’augmentation de la richesse par habitant sur le bonheur des peuples? Ou est-ce que l’argent ne fait vraiment pas le bonheur?

Ceux qui prennent le métro parisien chaque jour savent bien à quel point les gens peuvent avoir un bon niveau de vie, satisfaire à tous leurs besoins vitaux, sans pour autant être heureux. On lit rarement autre chose que de la morosité sur le visage d’un parisien dans le métro…

Le roi du Bhoutan, Jigme Singye Wangchuk, a compris cela il y a bien longtemps, et a décidé en 1972 que le bonheur national brut (BNB) sera désormais un concept plus important que le PIB dans les statistiques nationales du Bhoutan. Là aussi une question se pose. Comment calculer le bonheur d’une nation? Quels critères retenir, et comment les pondérer dans l’indice final? Le Bhoutan, qui est, rappelons le, un pays bouddhiste, a choisi quatre indicateurs pondérés équitablement dans l’indice : croissance et développement économique, conservation et promotion de la culture, sauvegarde de l’environnement et utilisation raisonnable des ressources naturelles, et la bonne gouvernance raisonnable. Le BNB est donc pour la monarchie bhoutanaise un moyen d’orienter la politique du pays vers une croissance raisonnable et respectant les ressources naturelles, ainsi que la défense d’une forte identité culturelle.

Au Bhoutan, l’école est de qualité, le système de santé et gratuit et ouvert à tous, et vivre en paix avec la nature fait partie intégrante de la culture locale. Il se trouve que ces 3 composantes sont également la clé de voute du système scandinave. Les habitants ont un niveau très élevé d’éducation, le système de couverture santé est parmi les meilleurs au Monde, et le respect de la nature fait partie intégrante de la vie quotidienne en Scandinavie. Tous les sites naturels sont ouverts à la population au nom du “Droit d’accès à la nature“. Ces 3 composantes sont elles suffisantes à un bonheur national?

Une étude de l’University of South California a démontré qu’une fois qu’un certain niveau de revenu minimum était atteint, il n’y avait plus de progression dans le bonheur. Pour preuve, l’étude mentionne que malgré la progression spectaculaire du PIB par habitant depuis la 2ème guerre mondiale, le niveau de bonheur n’a pas augmenté. En revanche, à l’intérieur d’une même société, les gens les plus riches paraissent les plus heureux. Ces résultats concluent au fait que dans les sociétés qui ont atteint un certain niveau d’éducation et de santé, le bonheur ne dépend donc pas uniquement de la richesse individuelle, mais surtout de la richesse par rapport aux autres membres de la société.

Et c’est justement là où les pays scandinaves excellent. Les écarts entre riches et pauvres sont relativement minimes. Et il est dans la culture locale de ne jamais se montrer hautain ou supérieur aux autres. Il est très mal vu de vanter ou de montrer ses richesses, ou d’en parler. Tout le monde se fond dans la masse. Le matin, pour aller au travail, beaucoup utilisent leurs bicyclettes. Et impossible de distinguer l’ouvrier du ministre (pour ne pas dire du prince).  C’est peut-être cela qui fait que le modèle scandinave est unique. Et c’est peut-être aussi pour cela qu’ils sont si heureux. Certains diront même, qu’ils sont tellement heureux, qu’ils s’ennuient à mort. Une vie sans problèmes, ça manque de piment… Et le taux de suicide élevé dans ces pays n’est certainement pas étranger à ce facteur…

Et le Maroc dans tout ça? Nous avons le système éducatif et le système de santé que l’on connait, et le respect de l’environnement commence à peine à entrer dans les moeurs. Les disparités sociales sont flagrantes. Jamais l’écart entre les plus riches et les plus pauvres n’a été aussi élevé. Et pourtant, je n’ai jamais eu le sentiment que le Maroc est un pays où les gens sont malheureux. Pour une raison à mon avis : la religion.  Les gens apprennent à être satisfait du peu qu’ils ont, en attendant des jours meilleurs. Mais là, c’est un autre débat…

Ich bin ein 9%!

Telquel Couverture

Élégante manière de célébrer une décennie de règne de Mohammed VI. Le ministère de l’intérieur a ordonné la saisie des derniers numéros des magazines Telquel et Nichane. La raison invoquée : un sondage réalisé par LMS-CSA réalisé pour Telquel, Nichane et Le Monde a révélé que 91% des marocains jugent satisfaisant ou très satisfaisant le bilan de 10 ans de règne de Mohammed VI. Le Monde devrait d’ailleurs publier ce sondage dans son édition datée du Mardi 4 Aout 2009.

Le makhzen semble offusqué par l’idée de voir l’action du roi jugée par les citoyens. Et c’est le professeur de Droit Constitutionnel, militant communiste du PPS, et actuel ministre de la Communication qui le confirme : “La monarchie au Maroc n’est pas en équation et ne peut faire l’objet d’un débat même par voie de sondage”. Le plus étrange dans l’histoire, et comme le souligne si bien Larbi, c’est que le Matin du Sahara, n’hésitait pas il y a quelques mois à inciter ses lecteurs à voter pour le roi du Maroc dans un sondage organisé par un magazine arabe. Hoba Hoba Spirit ne croyaient pas si bien dire en traitant le Maroc de Blade Schizo…

Dès que le nouvelle était tombée hier après midi, la Blogoma, et surtout la Twitoma ont été extrêmement réactifs, et un mouvement de “Je suis un 9%” est né. On trouve désormais des bannières, un hashtag sur Twitter, et un groupe Facebook.

9 pour cent

Un autre débat commence également à surgir autour du slogan “Je suis un 9%”. Veut-il dire qu’on juge négatif le bilan de 10 ans de règne de Mohammed VI, ou bien qu’on est pour la liberté de la presse?

Dans mon cas, mon jugement de la décennie de règne, reste très mitigé. Il y a eu beaucoup d’avancées dans tous les domaines, mais énormément d’occasions ratées en une décennie. Le débat est très large en tout cas… Le fait pour moi d’adhérer au mouvement “Je suis un 9%” souligne surtout que je suis pour la liberté d’expression, et pour que les marocains puissent juger celui qui les gouverne vraiment, et qui concentre la quasi-totalité des pouvoirs entre ses mains.

EDIT : Une dépêche de l’AFP donne le détail des chiffres du sondage.

Scandale électoral à Oujda

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Après 2 semaines de feuilletons électoraux cuits à toutes les sauces (politiques) pour élire les conseils des villes, un scandale électoral digne d’un film d’Emir Kusturica a lieu en ce moment même à Oujda.

Pour résumer l’histoire, le scrutin du 12 Juin a conduit 4 formations politiques au Conseil de la Ville : le PJD (21 sièges), le MP (14 sièges), l’Istiqlal (13 sièges) et le PAM (16 sièges). Un accord initial entre le PJD et le MP prévoyait une coalition pour gouverner la ville, et barrer la route au maire sortant, M. Haddouch (PAM), qui a le soutien de Omar Hjira (Istiqlal), frère de Taoufik Hjira, ministre de l’Habitat.

Le jour de l’élection du Conseil, le pacha d’Oujda, lève la séance illico-presto faute de quorum. Des conseillers arrivent légèrement en retard, mais il refuse de les comptabiliser. Les protestations fusent, et le PJD est accusé par ses opposants de “séquestrer” les élus du MP. Le Procureur du Roi se déplace au domicile d’un élu PJD, et constate lui même que les élus du MP sont libres de leurs mouvements, et qu’ils se sont réfugiés chez l’élu du PJD pour préserver leur intégrité physique, et d’éviter de subir des pressions de la part de l’Istiqlal et du PAM. On emmène tout le monde au poste pour prendre leurs déclarations, mais ils subissent également un interrogatoire des Renseignements Généraux.

Les RG leur posent un tas de questions, sur leur passé et sur leur activités politiques. D’après le témoignage de l’élue MP, Fadoua Manouni (vidéo ci-dessus), ils essaient par tous les moyens de l’intimider, et de la dissuader de voter PJD. Son interlocuteur évoque un “ordre royal” d’empêcher l’élection d’un maire PJD pour Oujda. Il accuse également les élus PJD d’appartenir à des cellules terroristes…. Fadoua Manouni persiste, et son interlocuteur la menace de révéler des “photos compromettantes” qu’il possèderait de l’élue si elle refuse de coopérer. N’ayant rien à se reprocher, elle s’entête, et refuse de se soumettre.

L’affaire a pris une très grande dimension. Les chefs des partis politiques impliqués se sont déplacés à Oujda, et le SG du PJD, M. Benkirane a demandé un arbitrage royal pour départager les partis. Une nouvelle séance de vote est prévue ce Vendredi 3 Juillet.

Pour résumer, le Makhzen utilise tous les moyens possibles et imaginables pour empêcher les islamistes de diriger Oujda, et utilise sa marionnette PAM pour arriver à ses fins. Les urnes ont donné le PJD largement gagnant, et la moindre des choses serait de respecter la logique démocratique, et de laisser faire les alliances entre partis, et surtout laisser les RG loins de tout ça. N’y a-t-il pas assez de voyous à surveiller dans les villes? 🙂

Je propose un nouveau slogan pour les campagnes de communication du Ministère de l’Intérieur lors des prochaines élections :

“Votez. On s’occupe de tout, vous s’occupez de rien.”

Edit : M. Omar Hjira a été élu maire d’Oujda grâce au soutien de son parti (Istiqlal), du PAM, et du MP. Les pressions du Makhzen sur le MP ont donc fini par payer… Pour la démocratie (la vraie), revenez plus tard…

Et si l’argent du foot allait à la recherche scientifique?

Football Maroc

Ceux qui me connaissent bien, savent à quel point je suis allergique et ignorant dans le domaine du foot. Un exemple simple pour l’illustrer. Il y a quelques semaines, des amis discutaient devant moi du transfert d’un certain Ronaldo. J’étais un petit peu étonné, car le Ronaldo que je connais était devenu quelque peu âgé, après avoir remporté les Coupes du Monde en 1994 et 2002 et avoir perdu celle de 1998. Sauf que j’apprenais, à ma grande stupeur, qu’il existait un homonyme qui était plutôt de nationalité portugaise et que tous les clubs rêvaient d’avoir dans leurs rangs. C’est vous dire que je suis vraiment un cas désespéré dans ce domaine…

Mais quand j’ai entendu qu’un fonds spécial (encore un…), doté de 250 millions de DH, allait être créé pour soutenir le foot au Maroc, je me suis posé beaucoup de questions, et je me suis intéressé de près au sujet.

J’ai appris entre autres, que le sélectionneur national, M. Roger Lemerre, gagnait 37500 Euros par mois (en devises bien sûr), et que pour rompre le contrat prématurément, la Fédération devrait verser 20 millions de DH d’indemnités.

J’apprends par même occasion que les stades en construction à Tanger et Marrakech vont coûter respectivement 850 millions et 1 milliard de DH au contribuable. Au total, une enveloppe budgétaire de 4,6 milliards de DH a été allouée à la construction de nouveaux stades au Maroc.

Dans un pays, où 15% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, où 40% de la population est analphabète, et où le taux de chômage est de 10% (officiellement, mais tout le monde sais qu’il est beaucoup plus élevé…), cet argent ne pouvait-il pas servir à autre chose?

La MAP nous apprend que le football au Maroc est “un facteur de cohésion sociale, de convivialité et d’unité autour des valeurs marocaines”. Au point d’y consacrer des milliards de DH, pour les résultats que l’on connait? N’y a-t-il pas d’autres domaines ou valeurs qui réunissent les marocains?

Les pays qui planifient leur avenir à long terme, pensent plutôt à investir dans la recherche scientifique, dans l’éducation de leurs enfants… Le sport est très important dans le développement des sociétés, c’est indéniable. Mais au point d’y consacrer des sommes aussi conséquentes, dans un pays qui en a besoin ailleurs, et où on des gens meurent encore de froid?

Le financement du sport devrait plutôt se faire à un niveau beaucoup plus bas : construire des équipements sportifs de proximité, encourager la pratique du sport pour toutes les tranches d’âges, promouvoir le sport universitaire (autre que les courses à pied et le foot!). Laissons les clubs se financer par du sponsoring (ils se débrouillent bien, non?).

Quand je lis qu’en 2009, 69 millions de DH ont été consacrés à l’investissement dans la recherche scientifique, et que d’un autre coté, 250 millions de DH sont consacrés au foot, je suis pronfondément choqué. Et pas du tout rassuré pour l’avenir de mon pays.

Islande : Terre de feu, de glace et de banqueroute

Il y a de ces pays dont le charme et la beauté ne peuvent pas laisser indifférent. A la première occasion offerte de visiter l’Islande, je n’ai pas hésité un seul instant. Je rêvais depuis longtemps de visiter cette terre de miracles géologiques, et d’admirer le beau soleil de minuit. J’ai donc acheté mon billet d’avion 4 jours avant le départ, et pour donner plus de charme à ce séjour d’une semaine, je n’ai absolument rien préparé, mis à part l’achat d’un Guide du Routard pour l’Islande. Les meilleurs voyages sont ceux que l’on prépare le moins!

Une fois arrivé à Reykjavik, je découvre une capitale qui n’en donne vraiment pas l’air. Très peu de circulation, même en heures de pointe, des bâtiments pas plus hauts que 3 étages, des lacs et des espaces verts partout, et aucune trace de pauvreté ou de quartier défavorisé! Bienvenue dans la capitale la plus paisible du Monde!

Mais on fait vite le tour des attractions touristiques et des musées, et on décide de louer une voiture pour faire le tour d’Islande en 5 jours. Le pays est connu pour ses merveilles géologiques, et ses paysages à couper le souffle. Il faut très vite sortir de la capitale pour découvrir ces merveilles. Et je ne fut pas déçu.

En 2000 Km de route, on a pu voir des fjords, des volcans (actifs et inactifs), des lacs volcaniques, de la lave pétrifiée, des glaciers, un lac parsemé de glace, des lacs bleus naturellement chauffés, des geyser, des sources d’eau chaude, des cheminées volcaniques, de la boue bouillante, des cascades vertigineuses … Bref, tout ce qui peut rappeler la vraie place de l’Homme sur cette Terre : On n’est que très peu de choses face à ces forces de la nature.

L’Islande est un pays aussi grand que la Corée du Sud, mais beaucoup moins peuplé : 300 000 islandais, contre 50 millions de Sud Coréens! 70% des habitants sont concentrés autour de la capitale, ce qui laisse quasi-désertes des régions entières du pays. Le développement économique de l’Islande est intéressant à étudier. Le pays a le ratio PIB/habitant le plus élevé au Monde (chiffres de 2007), et 70% du PIB du pays proviennent de la pêche et de l’élevage. Au début des années 90, le pays a décidé d’évoluer directement vers une économie de services, sans passer par une étape d’industrialisation. Le secteur financier a donc fortement émergé, et a conduit les financiers à développer des produits de plus en plus sophistiqués, sans vraiment en mesurer les risques. Un des exemples de ces produits, qui a conduit le pays directement à la faillite en 2008, est celui des emprunts immobiliers libellés en Yen japonais. Durant une dizaine d’années, les taux d’intérêt au Japon ont été très bas (de l’ordre de 1%). Les financiers islandais ont voulu profiter de ces taux avantageux, et proposer aux ménages islandais de souscrire à des emprunts immobiliers en Yen. Le seul risque que supporteraient les ménages, serait le risque de fluctuation des taux de change entre la couronne islandaise et le Yen japonais. Les banquiers avaient sous-estimés ce risque, et croyaient que la couronne islandaise pouvait résister à tous types de crises et de fluctuations. Les marchés de change leur ont donné tort. La monnaie islandaise a perdu 60% de sa valeur en l’automne 2008, ce qui a conduit à une explosion des traites mensuelles des ménages islandais. Beaucoup sont devenus incapables de payer, et les banques se sont retrouvées en faillite. L’Etat a été obligé de racheter 3 des plus grandes banques du pays, pour éviter un effondrement total de l’économie, et a dû accepter une aide du FMI et d’autres pays européens (y compris de la Pologne!).  En quelques mois, l’Islande est passée du statut d’un pays prospère, au statut de nation au bord de la faillite.

Mais malgré tout, les islandais gardent le moral, et ont confiance en l’avenir. Fiers de leur pays, jamais vous n’entendrez un islandais se plaindre de la situation (et surtout pas devant un étranger), et restent très confiants quant à la capacité du pays à s’en sortir. Après tout, ils survivent bien à un hiver où ils ne voient la lumière du jour que pendant 2 à 3 heures quotidiennement 🙂

PS : N’hésitez pas à me contacter pour plus de renseignements sur le voyage, ou pour obtenir une des photos du slideshow en haut en taille originale.

Victoire électorale du parti de l’ami du Roi

Elections Maroc

Source : L’Express

Le Front de la Défense des Institutions Démocratiques (FDIC), créé il y a un an, et dirigé par M. Ahmed Réda Guedira, ami proche du Roi, a gagné les élections de 1963, en obtenant la majorité des sièges au cours d’élections qui se sont tenues ce vendredi sur tout le territoire marocain. Le FDIC auquel se sont ralliés plusieurs membres d’autres partis politiques à la veille des élections, a pour programme électoral le renforcement du processus démocratique, et l’application d’un ensemble de réformes économiques visant à promouvoir l’emploi et à la création de richesses qui bénéficieraient à tous les citoyens marocains. Le FDIC est donc déclaré grand gagnant de ces élections face aux socialistes et à l’Istiqlal. Le Ministère de l’Intérieur a déclaré que les élections se sont passées dans d’excellentes conditions, et sans incident notoire. Les partis de l’opposition ont réclamé l’ouverture d’enquêtes, suite à des cas de fraude. Le procureur du Roi a décidé l’ouverture d’une information judiciaire établir la véracité de ces propos.

Vous voulez jouer à une petit jeu? Remplacez FDIC par PAM, 1963 par 2009, Réda Guedira par Fouad Ali El Himma, et le tour est joué. L’Histoire n’est-elle pas un éternel recommancement? Vous n’y comprenez rien? C’est pas grave. Personne ne sait comment un parti vieux d’un an a pu couvrir 60% des circonscriptions, et comment ils ont pu gagner 20% des sièges… Tout ce qu’on sait, c’est que le PAM s’est défini dans les milieux ruraux et péri-urbains, comme le parti du Roi. Et comme personne ne veut être contre le Roi, les électeurs votent forcément PAM…

Le PAM a voulu être le trublion du paysage politique marocain, et c’est bien réussi. Reste à connaître maintenant leur plan pour les années à venir. Les élections législatives de 2012? On applique la même recette, et c’est dans la poche.

Tout ce que j’espère maintenant, c’est que les livres d’histoire ne parleront pas un jour d’un “printemps marocain” qui aura duré 10 ans.

Pour le reste, circulez, il n’y a rien à voir. Et rendez-vous dans 20, 30 ou 40 ans. Peut-être…

De la Chabatisation de la vie politique au Maroc

Elections au Maroc

En cette période de campagne électorale pour les élections municipales, où les idées et les programmes devraient s’affronter, on assiste encore une fois à un débat (voire à un combat) de très bas niveau. On est devenus habitués à des politiciens à la limite du “voyoutisme”, et qui forgent à coup de déclarations incendiaires, de mercenaires payés à l’heure, ou d’actes politiques spectaculaires à la limite du ridicule, une réputation de héros des temps modernes, dans un monde ou l’élite politique est en proie à la déchéance. Les prédicateurs de ce “courant” sont connus et reconnus. Ils jouissent d’une aura locale, souvent issue d’affaires juteuses, de milices de mercenaires bien connues des habitants de ces villes, et d’une soif de pouvoir sans commune mesure.

J’ai pu voter pour la première fois lors des élections municipales de 2003. C’étaient les premières élections municipales organisées sous le nouveau règne, et on nous promettait les élections les plus transparentes de l’histoire du Maroc. Ce qui revient à dire que la voix des citoyens sera respectée à la lettre. A l’issue du scrutin, les observateurs étaient unanimes à dire que les élections étaient effectivement libres et démocratiques. Sauf que les magouilles se sont passées ailleurs : lors de la constitution des Conseils des villes. A Rabat par exemple, l’USFP était classé premier, mais n’avait pas de majorité absolue pour gouverner la ville. Il devait donc s’allier avec d’autres partis pour constituer une majorité. Sauf que TOUS les autres partis politiques (mis à part le PPS) se sont alliés  pour constituer une majorité. Rabat s’est donc retrouvée gérée par une coalition de MP-Istiqlal-PJD. Une chimère politique qui ne ressemble à rien… Résultat, la gestion de la ville est catastrophique, et un rapport de la Cour des Comptes est accablant pour le maire Bahraoui. Le rapport relève, entre autres, que le conseil de la ville a créé 700 emplois fictifs!

A Fès, la gestion de la ville par M. Chabat n’a guère été meilleure. Il a également été accablé pour mauvaise gestion par la Cour des Comptes. Des dépenses non justifiées de 2 milliards de DH ont été constatées par la Cour! Non M. Chabat, il ne suffit pas de couvrir la ville de fontaines pour dire que la gestion a été exemplaire! Le désormais spécialiste des boutades à la marocaine, jouit d’une aura sans précédent. Ses sorties médiatiques lui ont valu d’être constamment à la Une ces dernières semaines, et le débat politique sincère en souffre beaucoup. Une vidéo qui a beaucoup circulé sur Internet suffira à vous convaincre que ce monsieur ne fait qu’assurer le spectacle à défaut d’autre chose.

Supposons que ce monsieur devienne un jour Secrétaire Général de l’Istiqlal, et que celui-ci gagne les élections. Supposons également que la logique démocratique soit appliquée à la lettre. Il devrait donc logiquement être désigné comme Premier Ministre. Qu’aura-t-on à faire? Moi en tout cas, j’ai déjà choisi un endroit paisible pour un exil volontaire : L’île des Sanafir (si, si, ça existe!). En espérant qu’il n’y ait pas de Sanfour Chabat parmi la population indigène de l’île…

Mais le véritable phénomène cette année, est incontestablement le PAM. Ce parti sorti de nul part (enfin si quand même…), et qui réussit, après moins d’un an d’existence à couvrir 60% des circonscriptions, devançant l’Istiqlal du haut de ses 66 ans d’existence. Comment peut-on réussir une telle “performance” sans attirer les opportunistes et les arrivistes de tout bord. Que peut-on espérer des élus d’un parti qui dénonce l’application de la Loi? La question à se poser maintenant : quels sont les plans du Makhzen autour du PAM. Personne aujourd’hui ne peut se vanter d’avoir une réponse à cette question, tellement les enjeux sont flous, et les évènements de plus en plus incohérents et imprévisibles. Les secrets du Makhzen sont encore une fois impénétrables…

Que faire alors le 12 Juin? Voter en espérant influer un tout petit peu sur le cours des choses, ou s’abstenir et laisser les vendeurs de voix faire leur marché, et récupérer l’autre paire de babouche tant convoitée, ou l’autre moitié de la coupure de billet de 200 DH? Un avis très personnel me pousse tout de même à préférer la première solution. Si on ne veut pas voter pour un programme ou une personne en particulier, on peut tout de même faire son choix pour le moins mauvais des candidats, ne serait que pour barrer la route à ces voyous qui nous pourissent tant la vie…

Microfinance au Maroc : Quelles perspectives de développement?

Microfinance au Maroc

Il y a quelques mois, je devais choisir un sujet pour mon mémoire de recherche académique, étape indispensable pour l’obtention de mon diplôme. L’exercice est souvent douloureux, vus les vastes domaines proposés par l’école, et que le choix du sujet doit traiter d’une problématique précise et pertinente. Mon choix s’est vite orienté vers la microfinance, mais sous quel angle le traiter?

Je suis tombé sur un classement des institutions de microfinance (IMF) réalisé par le magazine Forbes. Et à mon grand étonnement, trois IMF marocaines étaient classées dans le Top 12 mondial! Pour une fois que ce n’était pas la MAP qui nous l’annonçait! J’ai poussé mes investigations, et j’ai constaté que dans de très nombreux rapports internationaux, l’expérience marocaine en microfinance (qui a une quinzaine d’années) est citée comme exemple de développement. Mais le secteur connaissait quelques problèmes de développement liés à divers facteurs, mais qui étaient communs à plusieurs expériences dans différents pays. Mon choix a donc été de traiter des perspectives de développement de la microfinance au Maroc.

J’ai donc entrepris des contacts avec des IMF marocaines, et j’ai pu aller sur le terrain avec des agents du microcrédit pour constater de fait ce qui se faisait sur le terrain, et comprendre les attentes et les motivations des bénéficiaires. J’étais vraiment impressionné de l’étendue de l’organisation et des moyens mis en place par ces associations. Les bénéficiaires étaient demandeurs, qu’ils soient éleveurs, artisans, petits commerçants… Et les chiffres sont là : plus d’un million de bénéficiaires (dont deux tiers de femmes) et 5 milliards de DH d’encours de crédit. Loin d’en faire des riches, le microcrédit permettait surtout à des pauvres de lever la tête, de développer des revenus complémentaires à des activités qu’ils exercent déjà, et d’améliorer leur niveau de vie.

Sauf que la croissance dans le secteur a été tellement rapide entre 2004 et 2007, que des problèmes avaient fini par apparaitre. Le taux de remboursement qui était jusqu’en 2007 de 99%, a brutalement chuté à 95%, et la 2ème IMF au Maroc, Zakoura, a connu de graves problèmes de gestion, ce qui a mené à son absorption par la Fondation de Banque Populaire pour le Microcrédit, pour éviter sa faillite, et une grave crise de confiance dans le secteur.

Ce qui m’a intrigué dans l’expérience de la microfinance au Maroc, c’est que l’État a très peu intervenu dans le développement du secteur. Il n’a fait que ce qu’on lui a demandé, à savoir un cadre légal approprié, qui permet un développement et un fonctionnement transparent. Preuve que la société civile peut beaucoup faire, même en l’absence d’un soutien actif de l’État. Des garde-fous ont été instaurés pour éviter des débordements et des dysfonctionnements, comme ceux observés en Amérique Latine ou en Inde. Compartamos, une des plus grandes IMF au Mexique a été introduite en bourse, et a connu un succès phénoménal. L’IMF était tellement profitable, que la valeur de ses titres se sont envolés en bourse. Et puis c’est bien connu, les pauvres remboursent très bien, et ils sont tellement nombreux, qu’on peut faire beaucoup d’argent sur leur dos. Les IMF au Maroc, de part leurs statuts d’associations, ne sont pas (encore) tombés dans ce piège. Certes, elles aspirent un jour à devenir des banques mutuelles (ou associatives), mais on en est pas encore là. Leurs missions de développement et d’accompagnement social sont étroitement surveillées par des conseils d’administration indépendants. Elles sont même allées jusqu’à baisser leurs taux d’intérêts ces dernières années, ce qui est unique dans le monde!

La microfinance ne peut être en aucun cas LA solution pour sortir des milliers de gens de la pauvreté, mais un des leviers d’accompagnement. Le rôle de l’État reste primordial. Sans investissements massifs dans l’éducation, les infrastructures, la santé, l’habitat social, la pauvreté ne fera qu’augmenter, et l’écart entre les plus riches et les plus pauvres ne pourra qu’exploser.

Pour ceux qui s’intéressent plus au sujet, je mets à votre disposition le mémoire en PDF.

Bonne lecture!

Qui veut devenir ambassadeur du Maroc au Palau?

Décidément, la diplomatie marocaine ne finira jamais de nous étonner. Un communiqué de notre agence nationale libre et indépendante (MAP), nous apprend que le Maroc allait établir des relations diplomatiques avec la République du Palau. Pour ceux qui n’ont aucune idée d’où se trouve ce pays, ni à quoi ça ressemble, je vous en fait une brève présentation.

Carte Palau

Le Palau est un archipel situé dans l’Océan Pacifique au large de l’Indonésie, les Philippines et la Papouasie Nouvelle Guinée. État de 20 000 habitants, il était un territoire sous tutelle américaine, jusqu’à son indépendance en 1994. Le pays vit de tourisme, d’agriculture et de pêche.  Voila, vous savez tout maintenant sur le Palau.

Revenons  au communiqué de la MAP. Le Maroc et le Palau “se déclarent pleinement persuadés que l’établissement de ces relations diplomatiques sur la base de l’égalité, l’indépendance, l’intégrité territoriale et la non-ingérence dans les affaires internes des États correspond aux intérêts des deux pays et renforcera la paix et la sécurité internationales”.

Oui, vous avez bien lu : La paix et la sécurité internationales. Un pays moins peuplé que la charmante ville d’Erfoud, sera notre allié pour renforcer la Paix dans le Monde. On se croirait devant un discours de Miss Monde fraichement élue!

Mme la Ministre des Affaires Etrangères du Palau ajoute également que son pays ” contribuera à résoudre le différend régional sur le Sahara”. Là où on s’est cassé la tête pendant 35 ans pour trouver une solution, on n’attendait que le soutien du Palau pour s’en sortir.

Honnêtement, je ne vois qu’une seule explication à cette blague, le Maroc cherche à tout prix à augmenter le nombre des pays le soutenant dans l’affaire du Sahara, quitte à chercher des pays de la taille d’un village. On veut faire du chiffre et c’est tout. Et on annoncera tout fièrement aux marocains que le nombre des pays soutenant le Maroc dans sa cause nationale a encore augmenté d’un ou deux pays.

On rompt nos relations diplomatiques avec des pays de la taille et de l’importance de l’Iran, à cause de “gamineries diplomatiques”. On n’arrive pas à s’entendre avec nos voisins de l’Est, et on maintient nos frontières fermées depuis 15 ans. On est faché avec la moitié des pays africains, et on ne siège plus à l’Union Africaine depuis 25 ans. Et qu’est ce qu’on fait pendant ce temps? Ben, on envoie un ambassadeur au Palau.

Palau

Sauf si on veut offrir un job de rêve à une peronnalité marocaine pour “Services rendus à la Nation”. Un job tellement plus prestigieux que le meilleur job au Monde, car on ne fait pas que surveiller les poissons et les albatros, mais qu’on est tout de même Ambassadeur! Et qui d’autre que notre bien aimé Premier Ministre mériterait une retraite anticipée au Palau ? 🙂

Google Maroc piraté!

Google Maroc

Ce matin, et pendant quelques heures, les internautes marocaines se connectant au domaine google.co.ma, tombaient sur un message étrange, signalant que Google Maroc était piraté! Et Bizarrement,  www.google.co.ma fonctionnait toujours.

Les pirates, très probablement pakistanais, auraient piraté le compte administrateur de domain.ma, propriété de MTDS, et qui gère le NIC local de Google au Maroc. Le site redirigeait ensuite vers un serveur hébergé au Texas.

Bref, du beau barbouillage de DNS tout ça!

Sources : Zataz et MarocInfo